Au FFS, le front de la contestation s'élargit. Sa participation aux législatives du 10 mai prochain fait apparaître, au grand jour, des divergences profondes. Après l'appel de Djamel Zenati à boycotter «l'abject cérémonial», c'est au tour de l'ancien premier secrétaire national du FFS, Ali Kerboua, de mettre en garde contre «toute velléité de compromission». Le mot est lâché ! Il a lancé un appel «sincère et pressant à l'ensemble des militantes et militants afin d'agir avec lucidité pour préserver ce formidable instrument de lutte qu'est le FFS de toute velléité de compromission». Habituellement modéré, Ali Kerboua sort de sa réserve et prend ses distances vis-à-vis d'«une participation surprenante qui génère incompréhension et inquiétude tant chez les citoyens qu'au sein de la base militante». Pour l'ancien responsable du FFS, ce qui était valable en 2007 «l'est encore plus aujourd'hui», faisant allusion à la fameuse phrase de Hocine Ait Ahmed comparant l'élection de 2007 à une «messe qui fête zawadj el moutaâ (mariage de jouissance)». Ali Kerboua juge «illusoire de croire à l'existence d'un Parlement algérien ou au changement du système à l'aune de la nouvelle Assemblée». Il estime que le FFS, par «fidélité à ses principes et fort du capital sympathie dont il jouit auprès de l'opinion, doit se mettre au service exclusif de la construction démocratique». «Toute instrumentalisation par un groupe ou un clan, quel qu'il soit, lui fera perdre inéluctablement sa crédibilité», avertit celui qui avait dirigé le parti au début des années 2000. Contestations Par ailleurs, d'autres militants de ce parti ont rendu publique une déclaration dans laquelle ils font montre d'une analyse critique de la situation du pays : «Aujourd'hui, les événements qui ont secoué et continuent de provoquer, à nos portes, des séismes ne semblent intéresser les décideurs que pour brandir le spectre de la menace étrangère pour mieux stigmatiser ceux qui s'inscrivent à contre-courant de leurs agendas internes. Pourtant, la menace est bien réelle tant sur le plan interne que sur le plan externe. Elle nécessite un traitement radical loin des joutes électorales du 10 mai.» «Face au statu quo résigné, voire au consensus rampant autour des chances électorales biaisées, la loi marchande de l'offre et de la demande des délices de la députation dépasse le caprice intellectuel lancé à l'adresse de ceux qui rejettent l'agenda imposé», pensent les contestataires. Ces derniers s'opposent à la participation du FFS aux élections législatives du 10 mai prochain, se démarquant ainsi de la position officielle de leur parti. «La participation du FFS à cette kermesse nous ramène quelque peu à l'époque où les opposants gauchistes trahissaient le peuple algérien en lui faisant miroiter que le changement du régime se ferait de l'intérieur. Du rôle d'opposition molle à sa position folle, l'appareil du FFS, qui croit à un changement de l'intérieur, suscite beaucoup de questionnements. Après le 10 et le 11 mai, on reviendra inexorablement à la case départ», notent les signataires Amri Makhlouf, Amokrane Lakhdar, Chemrouk Chabane, Messaoudi Belkacem, Brahimi Mohamed, Ramdani Salem, Melbouci Chérif, Mekhneche Aziz, Aït Ouali Boubekeur, Kaci Ramdane, Si Larbi Hanafi, Ouarab Youcef, Zouia Farid, Ibrahim Abdelkader, Oussaïd Abdelkader, Iskoumen Hamid et Benadda Zahar.