Dans un exposé, lors de l'invitation du FFS par le FCE mercredi dernier, M. Cherifi a souligné que la gestion des affaires économiques du pays par le pouvoir a fragilisé ses capacités à s'immuniser contre toute forme d'ingérence. Si des mesures ne sont pas prises dans l'année en cours, nous risquons des situations très graves qui ne toucheront pas que l'économie mais aussi la souveraineté nationale.» Ce constat est établi par Mohand Amokrane Cherifi, consultant international, expert en économie et fonctionnaire de l'ONU, mais aussi conseiller de Hocine Aït Ahmed, président du Front des forces socialistes (FFS). Le constat, il l'a fait, mercredi dernier, face à un parterre de patrons d'entreprise du Forum des chefs d'entreprises qui ont invité le FFS à afficher sa stratégie économique. Dans un exposé magistral et empreint de sincérité, de l'avis des membres du FCE, Mohand Amokrane Cherifi a souligné que la gestion des affaires économiques du pays par le pouvoir a fragilisé ses capacités à s'immuniser contre toute forme d'ingérence. «Le pays est un ventre mou, tout le monde y rentre. Il ne faut pas perdre de vue qu'à l'extérieur on trace des stratégies sur nous. Ce qui se passe dans le Sahel ou au Mali et bientôt au Niger, n'est pas fortuit. C'est à travers des cartes souterraines qu'on regarde cette partie du monde. ‘'Ah ! Il y a du pétrole là-dessous, de l'uranium par-là, et de l'or ici'', disent-ils. Ces cartes souterraines sont apposées sur le mur des puissances de ce monde. Ils raisonnent en termes de stratégie globale, et nous ne sommes qu'un point dans cette stratégie», insiste M. Cherifi, en notant que les enjeux sont colossaux, d'où l'intérêt de créer un front commun contre ces visées prédatrices. «Il faut créer un front commun contre ceux qui veulent nous dépecer. Je sais de quoi je parle, nous sommes une cible et il faut agir avant que cela ne soit trop tard», avertit le fonctionnaire de l'ONU. Mohand Amokrane Cherifi et le FFS approuvent la proposition du FCE d'être moins dépendant des hydrocarbures. «Qui ne peut pas être d'accord avec vous ?», s'exclame M. Cherifi en soulignant qu'il faut appuyer la création d'une économie diversifiée. «Qu'on nous dise où sont cachés les réserves de changes ?» Et d'ajouter : «Est-il normal que l'on ne sache pas où sont placées nos réserves de changes. En quelles devises sont-elles? Personne ne sait non plus où va la différence qui reste du calcul de la loi de finances sur la seule base d'un baril à 37 dollars. Où se trouve ce fameux fonds de stabilisation et sous quelle forme est-il ? Interrogeons-nous, que faire en cas de catastrophe ? Où trouver nos lingots d'or, ici, à Genève ou dans la réserve fédérale aux Etats-Unis ? Regardons ce qui s'est passé en Libye, toutes les réserves à l'étranger sont bloquées, pour la Syrie aussi, et demain on peut déplaire aussi et nous ferons face à la même situation.» Mohand Amokrane Cherifi insiste sur l'utilité de se prémunir, dès maintenant, contre les aléas politiques et monétaires. «La priorité du parti est aujourd'hui d'éveiller la conscience politique des citoyens. On a beau tracer des stratégies économiques, mais sans éveil politique elles ne pourront jamais trouver la voie vers la réalisation», dit-il en soulignant que si le FFS participe aujourd'hui aux élections, c'est parce que le pays a besoin de se rassembler. «On ne sera l'alibi de personne ni l'alibi de quoi que ce soit», assure le conférencier. Et d'indiquer : «Le FFS est entré dans cette élection pour mobiliser. On n'a pas le droit de mentir aux Algériens.» L'invité du FCE et porte-voix de la stratégie économique du FFS souligne que son parti est celui «des libertés, toutes les libertés. De la liberté d'expression à la liberté d'entreprendre. Il faut laisser les entreprises agir qu'elles soient privées ou publiques». Le FFS est pour un pacte de développement, et non uniquement de croissance, comme le souligne le FCE dans l'intitulé de ses 50 propositions. «On ne peut envisager l'essor économique sans intégrer l'axe social et le développement durable», dira le conférencier. Et d'enchaîner en indiquant que le FFS est pour une division du plan de développement du pays en constituant neuf territoires économiques. Celle des montagnes, du Sud, des Hauts-Plateaux, etc. et chacune selon sa vocation. Gagner la bataille du développement grâce aux vocations économiques par territoire «Il est inconcevable de piloter un territoire de plus de 2 millions de kilomètres carrés par un ministère. Cela ne peut pas continuer ainsi, on perd du temps et de l'argent. Quand on impose le développement d'en haut, on ne peut obtenir de résultat.» Quant au secteur énergétique, le conférencier estime que le pétrole est voué à disparaître et qu'il ne faut plus compter sur cette ressource comme une manne principale. «Le FFS est pour le développement de l'énergie renouvelable», dit-il. «On ne peut pas engager une politique économique sans faire l'audit de la situation. Il faut faire l'état des lieux. Quand on quitte, on fait aussi l'état des lieux, car nous sommes responsables devant nos concitoyens», ajoute-t-il. Ceci et de plaider pour un assainissement secteur par secteur. Autre axe développé par M. Cherifi, celui de la libre circulation des personnes. «Nous n'accepterons pas qu'il y ait une liberté de circulation des marchandises et qu'on interdise aux Algériens la libre circulation. Permettre cette libre circulation des personnes sera le début du rétablissement de la confiance, de la fierté dans le passeport et le drapeau».Interrogé par les chefs d'entreprise sur comment lutter contre l'informel, ou comment permettre l'introduction du privé dans l'industrie pétrolière, ou encore sur la convertibilité du dinar, l'ancien ministre du Commerce souligne que pour le FFS le secteur privé doit trouver sa place entière dans le processus de développement du pays. «Ce n'est pas le capital étranger qui va penser aux intérêts de l'Algérie.» Et de dire que dans le secteur pétrolier, le privé peut trouver sa place dans le domaine de l'aval. Quant à l'informel, l'économiste estime qu'on pourra assainir en procédant à une négociation avec les opérateurs au cas par cas. «Ce n'est pas aux petits vendeurs à la sauvette qu'il faudra s'attaquer, cela s'appelle de la respiration de l'économie, en attendant de les insérer petit à petit dans le circuit formel. Mais aux gros intervenants dans le secteur informel agissant sans registre du commerce, ni déclaration fiscale. Il faudra assainir en invitant les gens à se régulariser comme cela s'est fait en France. Négocier au cas par cas en préservant l'intérêt de l'Etat, les mesures existent et si on veut les appliquer, on pourra en finir avec ce phénomène sans démagogie et avec beaucoup de rigueur et, surtout, que tout soit fait dans la transparence.» Et de se prononcer pour le renforcement de la convertibilité commerciale afin d'éviter une rigidité du système financier.