Armés d'un amour certain pour le livre, ils étaient près de cent lecteurs au rendez-vous littéraire organisé via le réseau social facebook, ce samedi 21 avril à partir de 13h30 au Jardin d'Essai à Alger. "Si l'événement est baptisé : "un peuple qui lit : ne peut être affamé, ni asservi", c'est quelque part pour nous défaire de cette vision dépressive de l'actualité qui consiste à réduire le quotidien des algériens à une série de pénuries de produits de larges consommations", nous dira une initiatrice de l'action. Les initiateurs de l'événement étaient émus. Ils ne s'attendaient pas à ce que le nombre de lecteurs soit aussi nombreux «même si le nombre de facebookers qui se sont inscrits sur la page de l'événement a atteint 2300 personnes», nous dira l'un des initiateurs. «Mais c'est quand même un très bon début. Là, on est vraiment loin des préalables qu'on a des jeunes algériens : qu'ils ne lisent pas, qu'ils n'aiment pas le livre… Cet évènement a montré le contraire», insiste-t-elle. Les lecteurs et lectrices, jeunes, moins jeunes… avaient entre 5 et 60 ans, ils étaient passionnément plongés le temps de deux heures et demie dans leurs romans et livres respectifs. «Franchement, c'est un évènement que j'ai lancé en l'espace de trois jours spontanément en me référant à l'exemple turc qui a pu réunir 20 000 lecteurs dans un stade… », nous confie l'une des organisatrices de l'événement. L'action, selon les initiateurs, est «militante et a pour but de faire aimer la lecture aux autres. Car, occuper l'espace public en lisant en masse, cela interpelle certes les passants… », nous dira notre interlocutrice. Cela s'est vérifié sur place, les passants, des jeunes pour la plupart se sont montrés perplexes dans un premier temps et ont essayé même de s'en moquer, mais sans succès car les lecteurs étaient en force. Des jeunes hommes d'une vingtaine d'années ont été invités à lire en leur ofrant des livres. Hésitants pendant un moment, ces derniers ont bien fini par adhérer et se sont mis à lire. D'autres passants se sont montrés émerveillés, d'autres ébahis…"Une action pareille, ça n'arrive pas tous les jours», nous dira une passante. «Cela relève de l'insolite dans notre pays», poursuit-elle. «Le rêve nous est permis», dira Anis Saïdoune, un administrateur de la page et étudiant en pharmacie. «Vous êtes nombreux et cela prouve qu'on peut faire mieux … », dira t-il en appelant à d'autres rendez-vous. Un des administrateurs d'une autre page dédiée à la lecture, venu assister à l'événement regrettera «plein de restrictions, de contraintes…sont imposés dans l'espace public dans notre pays". Il estimera que "ce genre d'action permet timidement de contrer cela et peut être un jour cela nous permettra de se réapproprier l'espace».