Une fois de plus, l'immense cité Kara de la banlieue d'Es Sènia a été hier, au cœur d'un mouvement social des habitants qui ont bloqué la voie publique allant vers l'université et l'aéroport. Hier, en fin de matinée, les bus ne pouvaient plus circuler. Ils font déjà demi tour car la route est bloquée. Un dispositif de sécurité a été dépêché pour contenir la manifestation. Aucun incident violent n'est à déplorer. Aucune interpellation n'a eu lieu « Nous n'avons ni routes, ni assainissement. Nos ordures s'amoncellent honteusement. Personne ne les ramasse. On nous envoie un seul tracteur et c'est insuffisant. », raconte une femme. Ce quartier est sans doute le plus déshérité des lotissements de la daïra. Un lotissement qui n'est pourtant qu'à cinq minutes de marche de l'université. Ras le bol Des femmes et des hommes crient à tue-tête leur ras le bol. « Nous avons marre d'attendre des promesses sans cesse non tenues. Nous voulons voir venir le wali ici », réclame une vielle femme. « Nos enfants ont les poumons rongés par la poussière. Beaucoup parmi nous sont en proie aux maladies honteuse ». Le quartier qui abrite de basses maisons en tôle est situé à proximité de l'université d'Es Sénia. L endroit le plus excentré, le plus pauvre. Cet amas de gourbis est une immense banlieue cache-misère qui abrite des milliers d'âmes. « Nous sommes les plus grands oubliés », dit encore un habitant. Dans ces zones d'habitat précaire, les habitants cherchent désespérément l'eau, le gaz et l'électricité. Gonflé par le torrent de l'exode rural de ces deux dernières décennies, ce lieu est sans doute déjà le énième bourg qui s'est greffé à la grande métropole de l'Ouest. Les recensements ont du mal à suivre.