Quelle idée ingénieuse pour ne plus mourir de soif : boire l'eau de mer ; dessalée bien sûr. Les cumulonimbus grisâtres et remplis d'eau fuyaient le ciel algérois pour laisser la place au soleil. Cuisant et assoiffant. Et quand les regards pointaient vers le ciel dans l'attente d'une bonne trombe d'eau, d'autres regards, horizontaux ceux-là, ont trouvé la solution. De l'eau, il y en a sur 1200 km. De quoi remplir les gourdes ad vitam aeternam. Un seul problème se pose : se débarrasser du sel. D'abord sur ordre du médecin pour protéger les hypertendus, puis pour les papilles. On a beau avoir soif, de l'eau salée... les techniques pour se débarrasser du sel ne sont pas compliquées. L'autre problème qui pointait à l'horizon, c'est la pollution. Insipide et non détectable par les papilles gustatives, il n'en demeure pas moins que l'eau de mer reste fortement polluée. Une visite pour s'enquérir de l'état de fait à l'unité de dessalement d'eau de mer de Zéralda qui se trouve à moins d'1 km du complexe touristique. Et à moins de 50 m d'une évacuation importante d'eaux usées, puante. Le schéma prend place : la station de dessalement utilise l'eau de mer pour la dessaler. Or, des eaux usées sont envoyées directement dans cette eau de mer. Peut-être y a-t-il une unité d'épuration à côté ? A Staouéli. Vers qui se tourner pour dénoncer le problème. Le dessalement d'eau de mer est l'apanage du ministère des Ressources en eau. La pollution marine, c'est l'affaire du ministère de l'Environnement. « Nous avons en charge de veiller au respect de la réglementation et nous dénonçons lorsque des infractions sont repérées », répond le directeur de l'environnement de la wilaya d'Alger. Autrement dit, le champ de manœuvre est assez réduit. Les explications viennent du ministère des Ressources en eau. « Nous pouvons garantir que l'eau qui est distribuée au consommateur algérien est à 1000% propre. Quelle que soit sa provenance », explique M. Benbouaziz, chargé de la communication au ministère des Ressources en eau. Explication : il existe deux formes d'épuisement de l'eau de mer qui garantissent toutes deux la salubrité de l'eau. Dans un premier temps, l'eau de mer peut être puisée à même la mer, à 400 m du rivage. Elle est prise des profondeurs, de ce fait elle est propre. Puis l'eau prélevée est placée dans un bassin de décantation auquel on ajoute du sulfate d'alumine, c'est en quelque sorte un prétraitement. La décantation permet d'évacuer les débris et les algues ainsi que le phytoplancton. Après décantation, l'eau est injectée dans la membrane. L'eau est non seulement dessalée mais également propre de toute forme de déchet. C'est une entreprise nécessaire pour la préservation des membranes qui sont très sensibles et coûteuses. L'eau récupérée est injectée dans le réseau d'alimentation potable après avoir été traitée avec un peu de chlore. L'autre solution consiste à prélever l'eau qui se trouve sur le rivage en profondeur. Pour ce faire, on place des forages à même le sable. Cette technique, quand elle permet de récupérer le volume d'eau souhaité est plus rentable, car le sable est un filtre qui ne permet pas aux déchets de s'y déposer. Avec cette méthode biologique, l'eau ne passe pas par un bassin de décantation. C'est le système employé à Zéralda dans la station de dessalement d'eau de mer. « Nous effectuons des contrôles de la qualité de l'eau trois fois par jour. Des visites inopinées sont effectuées régulièrement au niveau des stations. L'eau prélevée de la mer est dénuée de toutes formes de bactérie ou polluant », affirme M. Benbouaziz. En chiffre Une enquête portant sur les points de rejet des eaux usées déversées directement dans la Méditerranée sans aucun traitement et menée par le ministère des Ressources en eau révèle que 14 wilayas de la bande côtière regroupent pas moins de 145 agglomérations. Ces dernières génèrent 301 points de rejet d'eaux usées pour un volume estimé à 650 000 m3/jour. Parmi les 301 rejets identifiés, 24 points se situent à proximité des ressources hydriques telles que les nappes et petits barrages et 30 points à proximité des sites de dessalement des wilayas concernées.