Le premier président de l'AVO 88 de Béjaïa, l'Association des victimes et des parents des victimes des événements du 5 Octobre 1988, a tiré sa révérence. Un peu pour dire qu'à 71 ans, Temassine Rachid, dit Bourouag, a œuvré jusqu'à son dernier souffle pour, vaine démarche, « arracher un statut de martyr pour les victimes décédées et la proclamation officielle du 5 octobre journée nationale de la démocratie ». Une telle reconnaissance par l'Etat aurait eu bien évidemment un prolongement sur le régime des indemnisations octroyées. Pour rappel, le dossier des victimes d'octobre est toujours pris en charge par le ministère du Travail. Les sociétaires de l'AVO 88 révèlent des montants en ce sens ne dépassant pas les 2000 DA mensuels pour les victimes et les 3000 DA pour les personnes décédées. C'est contre « cet état de fait », nous dira l'une des victimes, que feu Rachid Temassine, le premier président a qui échoira la responsabilité de déposer les statuts de l'association pour agrément, a été de toutes les marches et de toutes les délégations pour réclamer « réparation » auprès des personnalités qui se sont succédé au Premier ministère, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, Belaïd Abdeslem, Réda Malek et les Aslaoui et Benhabylès à la Solidarité. En 1991, il sera reçu par M. Belkhadem à l'APN où il exprimera « le rejet de l'amnistie consacrée par la loi du 15 août 1990 ». En 1996, ses démarches le mèneront jusqu'au président de la République, M. Zeroual, qui le fera recevoir par son conseiller, A. Lalaoui. Les différents locataires du ministère du Travail ont tous eu « la visite » du défunt, père du jeune Hamid parti à 21 ans lors de cette fameuse journée du 5 octobre, rue de la Liberté, à Béjaïa. Ammi Rachid, comme l'appellent ses compagnons par respect à son inlassable engouement, ne laisse pas derrière lui des enfants en bas âge, mais deux jeunes hommes sans ressources, l'aîné Abdelkader handicapé mental et le cadet Toufik chômeur et diabétique. D'aucuns attribuent la fragilité de la santé de ce dernier à la tragique disparition de son frère Hamid.