Voilà déjà une année que Rachid Temassine, le 1er président de l'Association des parents des victimes et des blessés d'octobre 1988, l'AVO, avait été ravi aux siens. La veillée organisée au siège à Sidi Ouali a été pour ses compagnons l'occasion de rappeler l'inlassable engagement du défunt 18 ans durant à courir après une réhabilitation du statut des victimes des tragiques évènements. Toute une débauche d'énergie à taper à des portes, par « mépris » restées verrouillées. C'est fâcheusement bien qu'à aucun moment il n'ait laissé paraître une quelconque lassitude et encore moins à ce qu'il se laisse gagner par la fatale résignation à baisser l'arme. Mais ces coups d'épée dans l'eau, disent ses amis, quelque part ont eu raison de sa santé. Il est donc parti sans avoir obtenu réparation d'une injustice historique, « faire sortir de l'infamant confinement dans la qualité d'accidenté de travail les martyrs d'octobre ». Feu Da Rachid qui a vu les 21 printemps de son fils cadet Abdelhamid fauchés par les balles lors de ces douloureuses journées d'octobre laisse derrière lui deux autres fils dans une affligeante précarité ; Toufik, 25 ans, diabétique, hémiplégique, un pied rongé par la gangrène, et Abdelkader, déficient mental. Seule ressource, les 1500 DA que perçoit la mère de la CNAS, la même part versée au père est supprimée à la mort de celui-ci. Pour précision, ces indemnités sont prévues pour le compte du fonds spécial d'indemnisation conformément à la loi 90-20 du 15 août 1990. La CNAS, qui avait été sollicitée pour une révision des pécules alloués, répondra que payant pour le compte de l'Etat, une révision ne peut découler que de la seule décision de l'Etat. L'AVO trouvera en la mise en œuvre de la charte pour la réconciliation nationale une autre porte où taper pour une possible reconsidération de leur statut. C'est en ce sens qu'une lettre est adressée au chef du gouvernement début du mois de février estimant « qu'il n'est pas juste que nous (les victimes d'octobre) soyons exclus des dispositions de cette charte qui concerne l'ensemble des victimes de la tragédie nationale ».