Les travaux du séminaire sur la lutte contre le terrorisme dans les régions de l'Afrique du Nord et de l'Ouest se sont poursuivis hier à Alger, dans une salle fermée aux journalistes. Les organisateurs, le Centre d'études stratégiques sur l'Afrique (CESA), dépendant du département américain de la Défense, et le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme, affilié à l'Union africaine, ont expliqué cette mesure par « la confidentialité des débats et des interventions des responsables de sécurité ». Invité comme consultant et expert, le général à la retraite Maïza, rencontré à l'issue des travaux, a déclaré : « Aujourd'hui, tout le monde, notamment les Américains, est conscient de la vulnérabilité de la région sahélo-saharienne. Après la chute du régime des talibans, les résidus d'Al Qaîda se sont mis à la recherche d'un autre sanctuaire. La région du Sahel se trouve être la plus indiquée parce qu'elle offre toutes les garanties de sécurité et d'évolution. C'est une région perméable, étendue, pauvre et non administrée. Elle est la plus proche du Moyen-Orient et de l'Europe et se trouve à équidistance entre les deux principaux producteurs de pétrole de l'Afrique, à savoir l'Algérie et le Nigeria. Il est important aussi de signaler qu'au Nigeria, il y a plusieurs provinces qui appliquent la charia et où les fondamentalistes sont omniprésents. Donc, il suffit d'avoir les moyens, ce qui ne manque pas aux terroristes, pour créer un véritable sanctuaire, former des cellules dormantes et les envoyer par la suite en Europe ou ailleurs dans le monde sans aucun problème. Les agents qui font la police des frontières ne sont pas formés et les moyens de travail sont inexistants. Certains postes frontaliers n'ont même pas le strict nécessaire comme des stylos ou du papier... ». Pour lui, il ne s'agit pas de mettre à la disposition des pays de cette région les moyens sophistiqués de télécommunication ou de défense. « Ils ont plutôt besoin de moyens de base comme, par exemple, des fax et des micro-ordinateurs équipés de modem pour pouvoir être en contact permanent avec leur administration centrale, mais également avec les services des autres pays frontaliers concernés par le fléau afin de pouvoir recevoir des photos, avoir accès à des fichiers de personnes recherchées ou tout simplement échanger des informations avec leurs collègues... » Cette préoccupation a été bien ressentie par les organisateurs lors des débats, a affirmé l'ancien officier supérieur. Dans ce sens, a-t-il noté, un pays européen a déjà donné son accord pour équiper les 53 points focaux, des zones sensibles recensées dans l'ensemble des pays africains, auxquels il faut ajouter les sept autres des entités africaines. « En tout, 60 points focaux seront dotés de moyens de communication informatisés et de bureautique. Déjà, cela permettra à l'avenir de créer un réseau de communication entre l'ensemble des pays africains et facilitera la coopération et l'échange d'information... » Notre interlocuteur a estimé, par ailleurs, que l'une des problématiques majeures de la région reste aussi le sous-développement et la misère. « Les intervenants ont fait part de leur incapacité de faire face à des groupes terroristes lorsque ces derniers trouvent refuge dans des zones très pauvres et enclavées. L'aide au développement de ces régions est un moyen de lutte contre le terrorisme... », a-t-il précisé. Les responsables du CESA ont tous insisté, selon lui, sur trois critères qui permettent de prévenir le terrorisme. Il s'agit de la bonne gouvernance, la démocratie et le partage équitable des richesses. « Des paramètres que l'on ne trouve pas souvent dans la région, du fait notamment de l'immense pauvreté des pays du Sahel et des conflits armés qu'ils ont connus. » A propos de l'exposé de l'Algérie relatif à son expérience en matière de réconciliation nationale, notre interlocuteur a affirmé que la lutte contre le terrorisme ne peut être uniquement sécuritaire. « Il y a certes le sécuritaire, mais il ne peut être efficace s'il n'est pas accompagné d'autres mesures politiques, sociales et même culturelles, pour éradiquer le fléau et éviter qu'il ressurgisse après une, deux ou trois générations. Les différents processus liés à la politique du pardon ont eu des résultats, mais il reste néanmoins à traiter une fois pour toutes le fond du problème, notamment à travers la prise en charge des veuves, épouses et enfants des terroristes qui ne doivent pas payer des erreurs qu'ils n'ont pas commises. C'est dans ce sens que l'Algérie a exposé son expérience en matière de pardon. Cela a eu des résultats positifs pour les conférenciers. »