Un séminaire sur la lutte contre le terrorisme dans les pays de l'Afrique du Nord et de l'Ouest a été ouvert hier à l'hôtel Hilton, à Alger, en présence de nombreux responsables chargés de la sécurité venus de Tunisie, d'Algérie, du Mali, du Niger, de Mauritanie, du Nigeria, du Tchad, du Sénégal et de Libye ainsi que des Etats-Unis d'Amérique (USA), du Danemark, de France, de Grande-Bretagne et du Portugal. Organisés par le Centre d'études stratégiques sur l'Afrique (CESA), dépendant du ministère américain de la Défense, sous l'égide du Centre africain d'études et de recherches sur le terrorisme (CAERT), appartenant à l'Union africaine (UA), les travaux de cette rencontre de cinq jours se sont déroulés à huis clos. Les journalistes ont été autorisés uniquement à assister aux discours d'ouverture des officiels. Il n'a pas été permis aussi à la presse d'approcher les participants. Ce séminaire, dont la première journée des travaux sera consacrée aux « menaces et vulnérabilités en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest », aux « réponses nationales de contreterrorisme en Afrique du Nord et en Afrique de l'Ouest » et ainsi qu'à l'expérience algérienne de réconciliation nationale, permettra aux experts civils et militaires d'élaborer une liste d'actions concrètes visant à prévenir et à lutter contre la présence de groupes terroristes au Maghreb et dans la région sahélo-saharienne. « Ces actions vont s'inspirer nécessairement de la Convention africaine de prévention et de lutte contre le terrorisme et du Plan d'action de l'Union africaine (UA) sur le même thème », a noté le CAERT, précisant, par ailleurs, que ce plan, adopté en 2002 à Alger, comporte une série de mesures concrètes concernant la circulation des armes légères, des personnes et des biens, la sécurité et la fiabilité des documents de voyage et des trafics en tous genres. Dans une déclaration à la presse, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a expliqué que cette rencontre a pour objectif « de définir les moyens de lutte et de prévention contre le terrorisme et de sortir avec des actions concrètes qui permettront aux pays participants d'agir efficacement sur le terrain... ». RIPOSTE CONCERTEE Le ministre a estimé qu'il s'agit d'une initiative louable pour les pays participants dans la mesure où ces derniers « ont été durement touchés » par le phénomène du terrorisme. A propos du Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme, M. Messahel a affirmé que deux années après son installation à Alger, il a pu bénéficier de son premier budget, estimé à 3 millions de dollars US et puisé des fonds propres de l'UA. « L'Afrique a pris conscience avant le 11 septembre de la dangerosité du terrorisme. En juillet 1999, elle a élaboré et adopté une convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, sur laquelle s'appuie la coopération interafricaine dans ce domaine. Elle a appelé à une riposte globale et concertée contre le phénomène. Le temps lui a donné raison puisque celui-ci a frappé des contrées jusque-là sûres et non concernées... » Pour M. Messahel, le partenariat n'est pas uniquement avec les USA, mais également avec le bureau de lutte contre la criminalité de Vienne ou avec le même centre pour les régions asiatiques. « C'est un partenariat qui entre dans le cadre du soutien des pays participants à leur lutte et la prévention contre le terrorisme à travers des actions concrètes et palpables... » M. Messahel a également annoncé qu'une liste noire des organisations terroristes africaines sera élaborée prochainement par les Etats de l'UA afin que leur territoire ne soit plus utilisé comme sanctuaire. Interrogé sur les thèmes qui seront abordés lors de ce séminaire, M. Messahel a répondu : « Ce sont des thèmes sous-régionaux qui prennent en charge les spécificités de l'espace auquel nous appartenons. Il s'agit de mettre en œuvre le plan d'action d'Alger qui définit les priorités en termes de partenariat interafricain et international dans la lutte contre ce phénomène », tout en notant que l'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme reste l'une des plus suivies et elle fera l'objet d'un large débat lors des travaux du séminaire. Lors de son discours devant les participants au séminaire, le ministre délégué a mis l'accent sur le caractère « pionnier et reconnu » de l'Algérie en matière de lutte, tout en rappelant que d'autres régions africaines ont elles aussi eu à souffrir de ce mal au début des années 1990. « Pour avoir souffert des affres du terrorisme, longtemps avant d'autres régions du monde, l'Afrique s'est diligemment employée à définir les voies et moyens les plus appropriés de prévention et de lutte (...). Ce faisant, notre continent a non seulement fait œuvre utile, mais s'est aussi distingué par le caractère pionnier de son engagement. » Tout en saluant l'initiative de ce séminaire sur le thème de la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne, M. Messahel a indiqué qu'il voit là un geste fort qui s'inscrit dans la logique africaine de riposte concertée. Il a exprimé le souhait de l'Afrique de nouer avec les autres acteurs internationaux un partenariat effectif et porteur dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le terrorisme. Pour lui, les travaux de ce séminaire favoriseront un partenariat souhaité de part et d'autre entre l'Afrique et les USA dans l'un des domaines les plus sensibles de l'action bilatérale. « Pour l'Algérie, l'importance de l'établissement de telles passerelles n'est plus à démontrer (...). Le thème prend en compte une préoccupation que l'union partage avec les USA, déjà à l'origine d'une initiative de lutte contre le terrorisme transsaharien. Il est notoire que les régions du Maghreb et du Sahel sont devenues depuis des années une aire de prédilection pour certains groupes terroristes, sans cesse à la recherche de nouveaux espaces et sanctuaires du fait des coups de boutoir qui leur sont portés et les contraignent à tenter de se redéployer en des lieux considérés comme plus sûrs... » Le ministre délégué s'est déclaré convaincu que le séminaire débouchera sur des mesures concrètes et adaptées à l'espace transsaharien susceptibles d'enrayer les agissements terroristes dans cette partie de l'Afrique. Il a noté que cette rencontre fait partie du processus d'évaluation de l'état de la menace au niveau national, régional et continental que l'UA entend mener à bien, en recourant à l'expertise du CAERT, un centre ouvert en 2004 à Alger et regroupant une cinquantaine d'experts africains. Les travaux de cette structure ont été salués par l'ambassadeur des USA à Alger, Richard Erdman. Pour sa part, le directeur du CESA, le général américain à la retraite Carlton W. Fulford, a estimé que le séminaire sur le terrorisme sera l'occasion pour discuter de questions fondamentales pour la stabilité, la prospérité et la croissance en Afrique.