L'endroit est devenu un lieu de débauche où se mêlent agression et vente de substances illicites. L'état des quartiers de la ville de Batna semble se dégrader de plus en plus. Qu'ils soient en périphérie ou au centre-ville, la majorité de ces quartiers a comme seul point commun l'altération des conditions de vie. La cité des 410 Logements (ECOTEC) n'est pas épargnée. Située en plein centre-ville, elle a été construite au milieu des années 1970, et était destinée, entre autres, aux universitaires et aux cadres de la wilaya. Mouloud Mohamedi, président de l'association «Cité 23 blocs ECOTEC», témoigne de l'insécurité qui règne, la nuit tombée, dans le quartier. Selon lui, l'endroit est devenu un lieu de débauche où se mêlent agression et vente de substances illicites. «A plusieurs reprises, des dizaines de jeunes voyous, étrangers à la cité, viennent la nuit semer le trouble. Il faut entreprendre une action pour pallier tout ça», a-t-il déclaré, ajoutant que «ces mêmes fauteurs de trouble ont agressé des habitants de la cité ces derniers jours. C'est intolérable !» Depuis la suppression du mur d'enceinte et des deux entrées dont bénéficiait la cité, cette dernière est progressivement devenue un espace de circulation et de stationnement pour les automobilistes, surtout avec les cabinets de médecin, d'avocat, de notaire et autres praticiens d'activités libérales, qui prolifèrent dans le quartier. Le terrain situé au centre des bâtiments, faisant autrefois usage de stade pour les jeunes habitants de la cité, s'est transformé en parking. Les rues et ruelles qui l'entourent ne font d'ailleurs pas exception. En plus de servir pour le stationnement anarchique des véhicules, elles sont dans un état de détérioration avancé. Un des habitants, qui a souhaité garder l'anonymat, explique que les différents travaux effectués par l'Algérienne des eaux en sont la cause. Les employés de l'entreprise effectueraient des interventions sur le réseau d'AEP et laisseraient de profondes crevasses, sans résoudre le problème pour autant. «Ils sont intervenus 12 fois au même endroit pour rafistoler une fuite usant de caoutchouc de chambre à air», a-t-il dit. Ajoutant qu'«ils ont parsemé tout le voisinage avec ces nids de poule rendant la route impraticable». La destruction, par les services de la commune des courettes construites illégalement par quelques résidants ont aussi engendré des gravats qui encombrent les riverains. Concernant l'approvisionnement en eau potable, la cité souffre d'un manque effroyable de cette denrée nécessaire à la vie. En effet, selon des habitants, les riverains sont rationnés deux à trois fois par semaine, à hauteur d'une heure par jour. «L'eau ne nous parvient qu'entre 3h et 4h du matin», a affirmé notre interlocuteur. «Ceux qui ne disposent pas de citerne trouvent des subterfuges pour stocker de l'eau. Il faut des bâches à eau», a-t-il ajouté. Par ailleurs, plusieurs actions ont été entreprises par les habitants de la cité. En collaboration avec des associations ou par leurs propres moyens, ils se sont rebellés contre le manque de salubrité dont souffre cette partie de la ville. Pour l'entretien de leur cité, ils payent un retraité de la commune pour balayer les ruelles et voies d'accès, ils aménagent leur cages d'escalier en dalle de sol et autres revêtements précieux et les peignent, ils mettent des chaînes pour réguler le stationnement des véhicules. «On ne veut plus des services de la commune ou de l'OPGI, on veut juste qu'ils nous laissent tranquilles et qu'ils n'interviennent pas avec les services de l'ordre public pour nous enlever les aménagements qu'on installe, comme ce fut déjà le cas auparavant», se plaint encore l'un des concernés.