Un mouvement de solidarité se forme autour des 16 grévistes de la faim de Cevital qui sont aujourd'hui à leur neuvième jour de campement devant l'entrée du complexe, à l'arrière-port de Béjaïa. Ils ont reçu hier, à l'occasion de la Journée mondiale du travail, la visite de quelques centaines de manifestants solidaires de leur mouvement, qui ont marché à l'appel du PST. Avant d'aller vers Cevital, la marche a marqué une halte au siège de la wilaya, où plusieurs intervenants se sont relayés pour dénoncer le «piétinement des droits des travailleurs», «le terrorisme patronal» et revendiquer «le droit à l'exercice syndical». Aux cris de «un syndicat à Cevital», la foule, brandissant calicots et pancartes, a repris sa marche vers le complexe agroalimentaire où un sit-in a été improvisé en signe de solidarité avec les 16 grévistes de la faim, allongés sur des cartons à l'entrée de l'entreprise. Un comité de soutien a été installé pour appuyer leur revendication : la réintégration dans leurs postes de travail. La veille déjà, plus de 300 travailleurs avaient observé un débrayage en signe solidarité avec eux. «On a menacé des travailleurs de licenciement en cas d'abandon de poste», affirme un des grévistes à El Watan. Licenciés pour «faute du 3e degré» après la grève du 1er avril dernier, les grévistes ont été informés de leur droit d'introduire un recours «dans les délais réglementaires». Ce délai étant expiré, la direction de Cevital n'affiche pas la volonté de les réintégrer. Elle vient de leur proposer des indemnités dont l'octroi «est subordonné à l'enlèvement immédiat du campement installé devant l'entrée de l'entreprise», affirment les grévistes qui exhibent un PV de réunion, non signé, avec «des délégués du personnel». Selon ce document, la direction a affiché sa disponibilité à procéder au «retrait de la plainte» déposée contre les grévistes, à l'«annulation du dossier disciplinaire et de la décision de licenciement» et à l'«établissement du solde de tout compte». Engagement est aussi pris d'octroyer aux grévistes, «pour des raisons humanitaires, une aide financière destinée à leurs familles». Seulement, le document mentionne que cela fait suite aux propositions des «représentants du personnel», mais que les grévistes qualifient d'imaginaires, d'autant plus qu'il est fait mention de la disposition de ces grévistes «à déposer leur démission». «Nous continuons notre grève et nous ne décamperons pas d'ici», a déclaré à El Watan un représentant des grévistes de la faim dont l'un d'eux, licencié à six mois de la retraite, vient d'être papa d'une fille, qu'il a choisi d'appeler Houria (liberté), née en son absence.