Le chef de la mission d'observateurs européens, l'Espagnol José Ignacio Salafranca, a promis, hier à Alger, que son rapport sur l'évaluation du processus électoral sera «impartial». «Nous allons faire une évaluation objective et impartiale du processus», a-t-il déclaré hier dans une rencontre avec la presse. M. Salafranca, qui a mis en avant «l'expérience de l'UE en matière d'observation des élections dans le monde», selon une méthode de travail «basée sur le professionnalisme et la neutralité», a promis que la mission qu'il dirige «sera à la hauteur de notre engagement vis-à-vis du peuple algérien». Interrogé sur la capacité de sa mission à faire son travail honnêtement, le conférencier a dit engager sa propre crédibilité en tant diplomate quant au sérieux de la mission : «Je vous le dit clairement, nous sommes conscients de la situation du pays et de la situation régionale. Nous ne nous ne sommes pas venus ici pour donner un chèque en blanc aux autorités algériennes.» Cet engagement ne l'empêche pas de souligner que sa mission travaille pour l'instant dans de «bonnes conditions». «Nous sommes satisfaits du travail de nos observateurs sur le terrain. Nous sommes bien accueillis par les autorités, les partis politiques et la population ; il n y a rien à dire, tout se passe bien», reconnaît-il. Pour autant, José Salafranca se garde bien d'émettre un quelconque jugement hâtif. «Je ne peux pas faire de remarques anticipées», glisse-t-il, faisant remarquer que sa mission a pris connaissance des «irrégularités» signalées par la Commission nationale de surveillance des élections (CNSEL).Cela dit, le diplomate européen s'est montré satisfait de la «collaboration» des autorités algériennes en précisant que les observateurs qui ont eu à se déplacer dans les différents départements ont pu travailler «sans obstacles». «Hier (mardi, ndlr), nous étions à Constantine et Annaba, nous avons été très bien reçus par les autorités et la population», a reconnu M. Salafranca. Et de lancer, un tantinet énigmatique : «Nous sommes venus en tant qu'observateurs et en tant qu'amis.» Fichier électoral : le ministre a promis Le chef des observateurs a tout de même concédé que le «taux de participation sera un élément particulièrement important» pour juger les élections du 10 mai.Invité à commenter le déroulement de la campagne électorale, José Salafranca a assuré que les observateurs ont leur petite idée. Son appréciation ? «Nous avons pris le pouls de la campagne et avons relevé qu'il y a des forces politiques qui mobilisent et d'autres moins. Mais je ne peux pas faire d'appréciation globale», a-t-il commenté. Interrogé si sa mission pouvait garantir un scrutin transparent, José Salafranca a déclaré, tout en nuances, que «nous sommes, certes, présents dans les 48 wilayas mais nous ne sommes pas acteurs de ce processus électoral». Une manière à lui de s'en laver les mains d'éventuels fraudes. Le message suggère aussi que la surveillance des opérations échoit d'abord et avant tout aux partis engagés et à la CNSEL. Le diplomate européen promet cependant que sa mission va produire un rapport «honnête» qui sera élaboré sur la base de l'observation sur le terrain, mais aussi des informations recueillis auprès des représentations locales de la CNSEL. M. Salafranca, qui s'est envolé pour Bruxelles aussitôt la conférence terminée, a révélé avoir demandé au ministre de l'Intérieur – qui l'a reçu hier – de lui remettre le fichier électoral. «M. le ministre s'est montré disponible. Il a promis une réponse rapide. On aura la réponse dans les prochaines 24 heures», a répondu l'émissaire de l'UE.