Pénible. Ingrat. C'est en ces termes que qualifient les correspondants de presse de la wilaya de Bouira leur métier en ce 03 mai, la journée mondiale de la liberté de la presse. C'est une occasion de se rappeler qu'être un correspondant de presse est synonyme de précarité. Le correspondant du quotidien la Nouvelle République, M.Adjaout souligne que les moyens manquent cruellement pour qu'un journaliste exerce son métier convenablement. « Les conditions du travail à Bouira laissent à désirer. Il n'y a pas l'accès à l'information. Quant à l'information dite officielle, elle ne parviendra pas dans la majorité des cas », dit-il. « C'est un métier pénible. Il empêche le correspondant de prendre son week-end, les jours fériés, etc., mais c'est aussi un métier ingrat. On se bat pour que cette ingratitude cesse, pour que ce métier soit valorisé », dira Yazid Yahiaoui, chef du bureau du quotidien le Soir d'Algérie. Les seuls quotidiens qui ont ouvert des bureaux à Bouira sont du secteur privé. Quant au reste des correspondants, c'est l'errance au quotidien. Ainsi, pour ces confrères sans bureaux, les difficultés se multiplient. Le seul endroit qui les rassemble, c'est une salle mitoyenne de la cellule de communication de la wilaya. Les journalistes, hommes femmes, s'y rendent tous les jours pour s'enquérir des dernières informations officielles, y rédiger leurs papiers et les envoyer ensuite, soit par Fax ou par Internet à partir de la cellule. Correspondant à 5000 DA le mois Mais, cela n'est pas toujours facile. Des confrères témoignent qu'à plusieurs reprises des communiqués sur le programme des visites du wali « ne sont affichés qu'à la dernière minute ». D'autres affirment que le bureau de la cellule se ferme « très tôt », et ils ne trouvent pas d'où envoyer leurs papiers. Les réclamations auprès des responsables de la wilaya n'ont pas encore abouti. Il faut souligner que les correspondantes de presse qui viennent encore à la cellule, ont encore le statut de pigistes. Et cela dure depuis de langues années. « J'ai consacré tout mon temps à ce métier depuis 08 ans et je travaille toujours comme pigiste », souligne une correspondante. Mais le cas le plus édifiant c'est celui d'une consœur qui a travaillé pendant une dizaine d'année pour un journal public et qui a été licencié sans aucun motif valable. Le comble ! Elle était hospitalisée au moment où le quotidien en question avait décidé de mettre fin à son contrat de pigiste. C'est dire que le correspondant, en l'absence d'une loi garantissant ses droits, est vulnérable. Une journaliste du secteur public qui exerce ce métier depuis près de 08 ans estime que la situation des correspondants ne change pas. « La nouvelle loi sur l'information qui a garanti les droits des journalistes des médias publics, n'a rien apporté pour nous les correspondants des régions. «Des correspondants perçoivent encore une modique somme de 3000 DA, 5000 DA en guise de salaire mensuel», affirme-t-elle. Et pour que la situation des journalistes à Bouira change, M.Adjaout estime que la corporation « doit d'abord s'organiser. Qu'elle se regarde, qu'elle se fasse respecter ». Pour Y.Yahiaoui, « le ministre de la Communication doit cesser de nous rendre la balle. Il faudrait qu'il agisse de sorte à ce que le secteur privé ait les mêmes droits et privilèges que le secteur public ».