«La liberté de la presse, un vecteur de transformation des sociétés : les nouvelles voix, les jeunes et les médias sociaux» est le premier thème abordé, hier, lors de la conférence sur la Journée mondiale de la liberté de la presse organisée par l'Unesco à Tunis. Tunis (Tunisie) De notre envoyée spéciale Les experts et les professionnels du secteur présents ont, à l'unanimité, mis en avant le rôle que jouent les médias sociaux ces dernières années dans la création des événements. Toutefois, il semble important de réglementer cette activité de manière à ne pas tomber dans la propagande.Meed Ahmad, chef des nouveaux médias à la chaîne Al Jazeera, a souligné la nécessité de vérifier l'authenticité des produits médiatiques, notamment les images et les vidéos diffusées par des internautes. En effet, durant les révolutions des pays arabes, un flux d'informations d'origine peu connue ont été diffusées et ont largement influencé l'opinion publique. Si bon nombre de ces contenus médiatiques sont véridiques, c'est loin d'être le cas de tout le reste. Désormais, les logiciels, des outils technologiques en constante évolution, permettent des montages et des modifications que seul un érudit peut détecter. La chaîne qatarie El Jazeera compte aller vers l'adoption de certains mécanismes permettant de vérifier les sources et la véracité des informations produites par les animateurs de blogs et les intervenants sur les réseaux sociaux. Cette chaîne, qui a connu des pics d'audience durant ces révolutions, a beaucoup repris de vidéos et photos faites par des personnes qui ne sont pas des journalistes. Quelque 7000 vidéos ont été reçues par la chaîne depuis 2010, selon Meed Ahmad. «Ce sont les vidéos en provenance de Libye qui nous ont le plus posé problème quant à leur authenticité», reconnaît-il. Soutenant cette idée, la blogueuse tunisienne, Lina Ben Henni, affirme que certains blogueurs servent de manipulateurs et sont payés pour propager certaines idées. «Je connais des blogueurs qui sont payés par des partis politiques pour faire de la propagande», dit-elle. Lina Ben Henni estime qu'il est aujourd'hui nécessaire d'instaurer un cadre juridique définissant à la fois les devoirs et les droits des blogueurs qui semblent compléter la presse traditionnelle. En effet, au début de la révolution tunisienne par exemple, la principale source d'information sur ce qui se passait en Tunisie provenait de ces blogs et des partages faits sur les réseaux sociaux, facebook et Tweeter. Dans son intervention, Omar Belhouchet, directeur de publication du journal El Watan a relevé qu'en plus du monopole que l'Etat garde sur les médias lourds, il y a aussi un contrôle de l'internet. «Le pouvoir a mis en place une brigade de censure des réseaux sociaux. Il y a l'autoritarisme qui ne veut pas lâcher», a-t-il affirmé. Selon lui, le pouvoir algérien, qui éprouve une peur à cause des révoltes dans les pays arabes, a limité la marge de liberté des médias et de la société civile et politique : «Les événements dans le Monde arabe et la victoire des islamistes ont fait que les autorités, s'appuyant sur la peur, sont revenus à la case départ.» Et d'enchaîner : «La nouvelle loi sur l'information est en régression par rapport à l'ancienne. Il y a eu un alourdissement des peines, entre autres l'interdiction de certaines investigations économiques et politiques. Les conditions, du point de vue politique, ne se sont pas du tout améliorées.»