Le congrès du Mouvement européen international (MEI) s'est ouvert hier matin à l'hôtel El Aurassi, en présence de nombreux ministres, membres du corps diplomatique et responsables de la société civile. Le président du mouvement, Pat Cox, et notre ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, ont prononcé, à l'occasion, d'émouvants discours prônant le dialogue entre les pays des deux rives en accordant toute l'importance voulue aux aspects humains que la vision excessivement économique qui prévaut actuellement ont relégué au second rang. Pour Pol Cot, le fait de tenir pour la première fois ce congrès en dehors de l'Europe constitue un signal fort quant à la volonté de son mouvement de travailler dans le sens du renforcement de la coopération notamment avec les pays arabo-méditerranéens qui ont un fort déficit en matière de développement, mais aussi et surtout en matière de démocratie. Pour diverses raisons, parmi lesquelles on peut citer les actions que notre pays mène pour le maintien de la paix en Méditerranée, sa forte communauté émigrée dans les pays d'Europe et, bien entendu, ses énormes potentialités économiques notamment énergétiques, c'est l'Algérie que le comité préparatoire du congrès, réuni l'année dernière à Malte, a choisi pour abriter cette importante rencontre. Un comité d'organisation ouvert à l'ensemble de la société civile algérienne a travaillé d'arrache-pied, plusieurs semaines durant, pour que cette rencontre, qui s'étalera sur trois jours, puisse se dérouler dans les meilleures conditions possibles. On évalue à environ 400 le nombre des participants en provenance des pays de tout le pourtour méditerranéen, parmi lesquels figurent de hauts responsables d'organisations internationales (Unesco, Alesco, Institut Meda, Fondation Anna Lindh, etc.), de banques, d'universités et centres de recherches, de la société civile, etc. La présidente du comité d'organisation, Yasmina Ouzrout, nous apprend que neuf ateliers se pencheront à l'occasion de ce congrès sur une diversité de thèmes, parmi lesquels on peu citer ceux de l'éducation, la migration, l'appropriation, la formation, l'emploi, l'information, l'investissement et la culture. Autant de questions importantes qui requièrent un sérieux débat, notamment après que la dernière rencontre de Barcelone ait révélé de sérieuses divergences dans la manière de conduire le processus d'intégration des pays de la rive sud de la Méditerranée à la zone de libre-échange. Beaucoup d'actions engagées et d'initiatives à venir mériteraient d'être clarifiées (notamment celle devant porter sur la libre circulation des personnes entre les deux rives) si on veut réellement susciter l'enthousiasme et l'espoir des populations concernées, à défaut desquelles la création d'une communauté euro-méditerranéenne ne serait qu'une vue de l'esprit. C'est précisément ce qui est attendu de la synthèse des travaux d'ateliers, mais plus encore de l'adoption de la déclaration politique et du plan d'action communs, qui dégageront, espérons-le, un minimum de consensus sur ces questions centrales. Le souhait de tous est que la déclaration d'Alger impulse une nouvelle dynamique à la coopération entre les pays des deux rives de la Méditerranée, mise à mal, il est vrai, par l'étroitesse des intérêts nationaux et les vicissitudes des conjonctures. Notons qu'en marge de cette rencontre, le comité préparatoire a organisé, hier au Palais de la culture, une manifestation culturelle mettant en relief la musique, l'art culinaire et l'habillement traditionnels algériens. La soirée sera marquée par un défilé de mode à l'occasion duquel la très douée styliste Mouna Abdelatif (1er prix de l'Unesco des Etat arabes du costume de cérémonie) exhibera quelques-unes de ses plus belles créations.