La tête d'affiche du spectacle, Karim Ziad, a drainé un monde impressionnant. La salle El Mougar arrivait à contenir à peine un public constitué beaucoup plus d'adolescents très branchés. C'est vers 20h30 passés que le rideau se lève pour laisser place à la formation Afriqia. Des sifflements et des youyous retentissent. Un signe de bienvenue au groupe qui s'est déplacé spécialement de France pour animer cette soirée. Fidèle à sa place (derrière la batterie), Karim Ziad donne le la à ses musiciens. Le répertoire est entamé par Rabi Moulay, une chanson à forte consonance religieuse. Les corps commencent à se déhancher timidement. « Merci beaucoup d'être venus nombreux. Sahitou », lance Karim Ziad tout essoufflé. Le retour est instantané : la salle plonge dans une hystérie sans pareille. Suivront d'autres titres de chansons tels que La Ilallah Ilallah, Winek Winek, Yahdik Rabi, Chéchia Timemen, Awra, Amaliya, Gwarir, Nesfrafet, Alouhid. De temps à autre, certaines chansons étaient précédées par des introductions (istikhbar). En effet, David Aubaille à la flûte et Karim Ziad à la batterie ont charmé l'assistance par leur complicité. D'autres répliques de ce genre ont été à l'honneur avec Vincent Mascart, au saxophone, Michel Alibo à la basse, Menni Med à la derbouka. Des moments de pur régal et de pure transe. En effet, la salle était en ébullition. Chèche autour du cou pour la plupart et karkabou à la main pour d'autres, des pas de danse endiablés se laissaient exprimer. De peur que certains jeunes ne s'évanouissent, des vigiles ont séparé les premiers groupes de danseurs, en vain. L'envie de danser était tellement forte que le moindre espace fut squatté. Karim Ziad quitte sa batterie pour enfiler son goumbri. Un spot lumineux est braqué sur lui. Il entonne Sali Aâla Einbi Mohamed Rassoul Allah. Comme pour tâter le pouls de l'assistance, Azziz Sehmaoui lâche : « Public gnawi, plus que cela maqech. » Des salves d'applaudissements lui répondent. Il somme l'assistance de reprendre en chœur certains couplets. La communion est totale. La soirée se clôture, au grand regret des uns et des autres, par l'incontournable Chabiba El Djazairia. D'une voix fluette, Karim remercie les présents et les assure d'un autre rendez-vous prochain. La foule s'est dispersée dans la pluie, heureuse de s'être enivrée de deux heures de concert.