Les Algériens n'ont pas entendu de propositions concrètes en mesure de susciter en eux un intérêt particulier pour ce scrutin. J-1. Les partis politiques et leurs candidats aux législatives de demain, 10 mai, sont suspendus au verdict des électeurs. Auront-ils une récolte abondante ou leurs moissons seront-elles à l'image de la campagne électorale qu'ils ont tenté d'animer durant vingt jours (du 15 avril au 6 mai dernier) ? Ont-ils fourni l'effort nécessaire pour convaincre les électeurs à se rendre massivement aux urnes, comme ils le souhaitent ? En l'absence d'instituts de sondage fiables en mesure de donner les tendances générales de cette élection, il est difficile de pronostiquer sur son issue. Mais le déroulement de la campagne, la désaffection populaire qui l'a caractérisée et les nombreuses mésaventures des chefs de parti, malmenés et chahutés dans plusieurs régions du pays sont autant d'indices sur la résistance des électeurs aux sérénades données ces dernières semaines. Sans cohérence dans le discours et sans programmes consistants, les formations politiques en lice ont donné l'impression de prêcher dans le désert. Comme au temps du parti unique, les candidats et leurs formations se sont entendus sur un seul mot d'ordre et serinent un seul argument qui est, à leurs yeux, suffisant pour provoquer les bousculades aux bureaux de vote. Il s'agit, disent-ils, de sauver l'Algérie d'une fantomatique main étrangère qui menace de l'attaquer en cas d'abstention ou de boycott de cette élection. Hormis ce discours, les candidats et les chefs de parti n'ont pas jugé utile d'expliquer à leurs auditoires pourquoi «ils doivent voter pour eux». Tout au long de la campagne, clôturée dimanche dernier, les Algériens n'ont pas entendu de propositions concrètes en mesure de susciter en eux un intérêt particulier pour ce scrutin : pas de programmes économiques chiffrés et détaillés pour redresser le pays, point de propositions sociales pour améliorer le quotidien des citoyens et aucune référence à l'éducation, à la culture ainsi qu'au sport… «Glissez même un bulletin blanc !» Pis encore, les chefs de certains partis qui prétendent rafler la majorité au Parlement et imposer leurs «programmes» qui restent encore flous s'illustrent encore par des positions qui contredisent leurs ambitions : ils appellent à voter… même à blanc. A quoi servira ce vote ? On n'en sait rien. Seuls les auteurs de ces appels peuvent, peut-être, expliquer leur logique. Car le fait de glisser un bulletin blanc permet de gonfler le chiffre de la participation, mais pas d'élire des députés à l'Assemblée. «El mouhim el moucharaka (l'essentiel est la participation)», disent souvent les Algériens quand ils ne gagnent pas lors d'un match de football ou d'un concours. Ces responsables politiques veulent peut-être dire la même chose aujourd'hui… Toutefois, il est étrange que des participants à une course électorale ne se soucient guère de l'issue de la compétition. Ce ne sont pas les seules remarques que l'on puisse faire. La campagne qui vient de s'achever a également démontré que la classe politique nationale est toujours dans l'analogique. En cette ère de nouvelles technologies, les partis politiques algériens préfèrent les moyens «artisanaux» pour sensibiliser leurs électeurs. Mis à part quelques pages ouvertes à la hâte sur les réseaux sociaux, ces derniers ne semblent pas mesurer la portée du Net dans la mobilisation des électeurs. En effet, la majorité des sites internet des partis sont restés figés et les candidats n'ont presque aucune existence sur la Toile. La campagne électorale a été morose et le résultat sera fort probablement à sa mesure…