Etablissement scolaire Aïssat Idir, commune de Sidi M'hamed. 20h. Jeudi 10 mai. Sur 17 bureaux de vote, le dépouillement commence dans l'un d'entre eux. Le n°107, où 320 électeurs sont inscrits. Le décompte débute en présence de représentants de deux partis politiques et de deux observateurs de l'Union européenne (U E). Les agents enlèvent les bulletins des enveloppes. Une, deux et trois : le Front de Libération nationale (FLN) gagne les trois premières voix du dépouillement. Puis, c'est le portrait de Amar Ghoul qu'on voit apparaître sur un bulletin. L'actuel ministre des Travaux publics, tête de liste de l'Alliance verte, arrache les quatre bulletins suivants. Cette coalition islamiste se compose du Mouvement de la société pour la paix (MSP), El Islah et Ennahda. Les représentants des deux partis politiques présents dans la salle de classe sont gênés. Ils ne voient pas un bulletin portant le nom de leur formation. Le mécontentement, visible sur leur visage, les trahit. L'une d'entre elles, militante du Rassemblement national démocratique (RND), retrouve le sourire. Elle remarque l'effigie de Seddik Chihab, tête de liste RNDiste dans la capitale. Le dépouillement continue. Le chef de bureau veut la transparence coûte que coûte. Il montre chaque bulletin aux deux observateurs. Un agent subordonné laisse échapper un mot : «Vive le FLN», au moment où un autre auxiliaire faisait sortir un bulletin au sigle du front. «Nous sommes neutres, pas de partisans ici», lui rappelle son supérieur. Les deux observateurs de l'Union européenne (UE), deux femmes guettent le moindre geste. Leurs yeux sont de temps à autre figés sur les enveloppes. Elles notent, chuchotent et reviennent tout de suite à leur premier rôle. Quinze minutes se sont écoulées depuis l'ouverture de la première enveloppe. Décompte Le FLN et l'Alliance verte se partagent le nombre de voix. Le Parti des travailleurs (PT), menée par sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, enregistre des points successifs. Quant au FFS (Front des forces socialistes), il n'a que 2 voix. Au fur et à mesure que les secondes passent, des bulletins de partis politiques, inconnus il y a cinq mois, apparaissent sur la table d'écolier. Après 25 minutes, la tendance électorale prend forme. Le FLN, l'Alliance verte et le PT devancent leurs concurrents. Il est 20h40 quand le dépouillement prend fin. Place au décompte. Sur les 76 voix exprimées, 59 bulletins sont valables et 17 autres sont nuls. Au final, on dénombre 12 voix pour le FLN, 11 pour l'Alliance verte, 9 pour le PT, 5 pour le FFS et le RND. Les partis de Amara Benyounès, le Mouvement populaire algérien (MPA) et celui de Ali Fawzi Rebaïne (Ahd 54) obtiennent une seule voix chacun. 15 autres formations gagnent également un seul bulletin. Notons qu'au cours de ces élections législatives, 44 partis étaient en lice. Soudain, quelqu'un frappe à la porte du bureau de vote, pourtant fermée. Elle est ouverte. C'est un représentant du FLN qui entre. Il jette un coup d'œil sur la feuille du décompte. «Nous avons gagné, comme dans tous les bureaux», se réjouit-il. La représentante du RND, vraisemblablement triste, dit à un agent que «les islamistes ont adopté une stratégie». Elle veut apporter une explicitation au coup de force de Amar Ghoul. Les résultats seront transmis à la mairie de Sidi M'hamed, qui les enverra à son tour à la wilaya d'Alger. Enfin, nous apprenons, au moment où nous mettons sous presse, que des citoyens ont été interdits d'entrée dans un bureau de vote situé à El Biar, une interdiction illégale.