Même si l'Algérie fournit du pétrole et du gaz à la France, les relations commerciales entre les deux pays sont à l'avantage de ce dernier qui a bénéficié en 2011 d'un excédent commercial de 1,3 milliard d'euros, dans ses échanges commerciaux avec l'Algérie, selon les statistiques des Douanes françaises. La France a exporté pour 5,7 milliards d'euros de produits vers l'Algérie et en a importé pour 4,4 milliards, principalement des hydrocarbures et des produits dérivés. En visite à Alger, l'année dernière, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, avait déclaré : «Nous avons beaucoup de choses à faire pour mettre nos relations au niveau de ce qu'elles devraient être». Et pour cause, selon le journal français La Tribune, l'ambassade de France en Algérie a recensé 350 entreprises françaises implantées contre 1250 en Tunisie et plus de 500 au Maroc. Dans les relations économiques bilatérales, «l'Algérie est débitrice», résume Arslane Chikhaoui, membre du conseil d'expert du forum de Davos. Le fait est que «la France est le premier fournisseur de l'Algérie» et seulement «son quatrième client». Avec l'arrivée de François Hollande, il y aura quelles perspectives pour le futur des relations économiques bilatérales. M. Chikhaoui estime que beaucoup de travail a été déjà été accompli par l'ancien président, «car pendant une période difficile de gel des relations, il y a eu des avancées sur plusieurs dossiers économiques et le règlement d'un certain nombre d'entre eux». En visite à Alger en mars 2011, l'émissaire de Nicolas Sarkozy, Jean-Pierre Raffarin, avait fait savoir qu'il travaillait avec Alger pour faire aboutir «12 chantiers prioritaires pour l'économie algérienne et les entreprises françaises» et que des avancées avaient été réalisées sur les dossiers Total, Alsthom, Sanofi, Bretagne International. Les nouveaux gouvernants français vont donc «devoir continuer sur la même lancée» et de ce point de vue, «il ne va pas y avoir «de grandes différences» dans la démarche de Hollande par rapport à Sarkozy, explique M. Chikhaoui La France sur le plan économique «a besoin de l'Algérie et de la région», souligne notre interlocuteur, et il se trouve que le nouveau président se trouve dans une position où il «devra trouver le moyen de dynamiser la machine économique française en allant chercher des marchés pour ses entreprises». En somme, la crise en Europe et en France conjuguée à «la stabilité relative que connaît l'Algérie sur le plan économique et la stabilité qui commence à être recouvrée sur le plan politico-sécuritaire» rendent «indéniable que le vocabulaire de la relation économique entre les deux pays va être redéfini et que la feuille de route de part et d'autre et de la France en particulier va devoir prendre en compte ces éléments». Le spécialiste des relations internationales estime que «la France en crise a aujourd'hui le plus besoin d'une Algérie stable, en termes de marché et d'espace capteur d'investissements», car cette stabilité aura «un effet sur tout l'espace sous-régional (Maghreb, méditerranée occidentale) et cette «déclinaison de la stabilité va servir à renforcer les relations économiques, commerciales et financières entre les deux pays». Hollande pourra-t-il pour autant influencer le cours de certains projets en suspens comme le dossier Renault ? M. Chikhaoui rappelle qu'il «n'est pas dans les traditions de la gauche de peser sur les entreprises», toutefois, il est «incontestable» que dans l'équipe Hollande, l'entreprise «constituera l'un des éléments-clés de sa politique, sans ça, le pays ne pourra pas recouvrer sa croissance». Cela dit, «on n'influence pas une entreprise privée surtout si elle est cotée en Bourse». Ce qui pourrait se passer c'est que la nouvelle équipe gouvernante «va essayer d'accompagner l'entreprise pour qu'elle réalise des actions ou des opérations commerciales ou d'investissement dans des pays tels que l'Algérie», car en définitive, la décision de l'entreprise est «souveraine». Mais étant entendu que dans une période de crise, «le politique a besoin de l'entreprise… l'équipe Hollande va devoir faire beaucoup de lobbying et de relations publiques au profit de l'entreprise» française.