Profitant du laisser-aller des services de contrôle et de l'absence de choix pour les clients, les commerçants exercent en toute impunité. La plupart des restaurants et fast-foods de la capitale ne répondent pas aux normes d'hygiène et de salubrité. Au centre-ville ou dans les communes de la périphérie, les consommateurs sont constamment exposés au risque des intoxications alimentaires. L'approche de la saison d'été ne fera qu'aggraver la situation. En fait, dans les principales artères des communes d'Alger-Centre, Sidi M'hamed et Bab El Oued, censées être la vitrine de la première ville du pays, les restaurateurs continent à servir des plats et des sandwiches «infects». Profitant du laisser-aller des services de contrôle et de l'absence de choix pour les clients, les commerçants exercent en toute impunité. A la rue Tanger, à un jet de pierre du siège de l'APC d'Alger-Centre, les égouts et les détritus débordent à quelques pas seulement des restaurants. A l'intérieur de ces mêmes restaurants, c'est l'anarchie totale, la saleté est perceptible à l'œil nu, des cafards et autres insectes circulent sur le plancher et les murs. «Ils vaut mieux ne pas voir la cuisine», nous dira un habitué des lieux. A la place Audin, Meissonnier et à la place du 1er Mai, le chawarma est exposé à la poussière et aux gaz d'échappement des véhicules. A La Casbah, un restaurant côtoie, bizarrement, un salon de coiffure pour hommes, sans que les responsables du commerce n'y voient d'inconvénient. Sur les hauteurs d'Alger, le constat est quasiment le même. Des commerçants, dans le souci d'attirer les passants, préparent leurs grillades sur le trottoir. La santé du consommateur et l'hygiène semblent être le dernier de leurs soucis. A El Biar, des employées d'une société privée ont révélé que la plupart de leurs collègues boudent les restaurants et fast-foods. «Les commerçants ne cessent d'augmenter les prix, sans pour autant améliorer les prestations», nous dira une jeune femme. «Pis encore, à plusieurs reprises, des cas d'intoxication alimentaire ont été enregistrés, en raison de l'absence des conditions d'hygiène», ajoute-t-elle. Si les citoyens mangent mal dans les principales communes, la situation est plutôt catastrophique dans les municipalités avoisinantes. A Douera, à titre d'exemple, les restaurants de la station urbaine servent des sandwiches et des pizzas dans des conditions parfois inacceptables. Pire, des m'hadjeb sont préparées et étalées presque sur la voie publique, dans un marché anarchique grouillant de monde. Les services de contrôle et d'hygiène, apprend-on, ne sévissent qu'à l'approche de la saison estivale. Le contrôle, croit-on savoir, est plutôt axé sur les villes balnéaires et les restaurants ouverts au niveau des plages. «Les quelques cas de fermeture enregistrés çà et là n'ont jamais inquiété les restaurateurs, dont le commerce est des plus rentables», s'indigne un citoyen. Selon lui, «la plupart des restaurants et fast-foods devraient fermer si on devait appliquer la loi». Hélas, les «restaurants-poubelles», poussent comme des champignons, alors que le citoyen ne trouve pas où se nourrir sans craindre de passer la nuit aux urgences d'un hôpital.