Les grillades sont souvent préparées dans de mauvaises conditions, la viande étant exposée à la poussière et à la chaleur de ces journées caniculaires. Un nouveau commerce a vu le jour depuis le début du Ramadhan. Il s'agit de la vente des grillades sur des étals de fortune installés de manière anarchique à travers plusieurs rues et quartiers de la wilaya d'Alger. Sans le moindre respect des normes d'hygiène et de salubrité, des jeunes chômeurs gagnent leur journée en exposant la santé des consommateurs à un vrai danger. Outre les communes de la périphérie d'Alger où ce commerce est florissant, des quartiers situés au centre de la capitale ne sont pas épargnés par cette restauration répugnante. A la place des Martyrs, à la rue Tanger ou à Meissonnier, méchoui, merguez, viande ou foie encensent les nuits chaudes des Algérois. Plusieurs citoyens interrogés affirment ne pas être dérangés par ces fast-foods occasionnels. Des consommateurs justifient ce choix par la fermeture de la plupart des fast-foods durant le mois de Ramadhan. «A partir de 22 h, on ne trouve pas où manger un morceau», indique Abdellah, maçon de profession. Quant aux restaurants, notre interlocuteur affirme que «le service est interrompu aussitôt le f'tour rompu». Une raison pour laquelle de plus en plus de citoyens se rabattent sur ces étals de fortune. Pourtant, les grillades sont souvent préparées dans de mauvaises conditions, la viande étant exposée à la poussière et à la chaleur de ces journées caniculaires. La plupart des vendeurs, a-t-on constaté, préparent leurs sandwiches sur les trottoirs ou à proximité de lieux infects et insalubres. Comme il est à relever que pendant plusieurs heures, cet aliment, plutôt sensible et facilement périssable, n'est pas bien conservé et la chaîne de froid jamais respectée, ce qui réduit la durée de péremption. Malgré les risques d'intoxication, les consommateurs ne s'en soucient guère et consomment ces sandwiches au «chwa» avec grand appétit. Les principaux clients sont les passagers et travailleurs venus d'autres wilayas du pays. Certains d'entre eux font de ces grillades «leur repas principal pour le s'hour». Des vendeurs interrogés ont affirmé que leur commerce est «prospère et très rentable» et qu'il leur permet de «ramasser une cagnotte conséquente». Ils révèlent que l'essentiel de leur marchandise est écoulée à partir de minuit. Concernant la qualité des merguez et autres viandes, nos interlocuteurs, en bons commerçants, assurent que leur marchandise a été «bien conservée à la maison» avant qu'elle ne soit étalée sur la voie publique. Un autre commerçant n'a pas hésité à souligner qu'aucun client ne s'est plaint à ce jour. «J'exerce pratiquement chaque Ramadhan, jamais un client n'a critiqué la qualité de mes grillades», se défend-il. Des déclarations qui témoignent de l'ignorance de ces vendeurs des risques auxquels ils exposent leurs clients. Bien que ces restau rateurs soient connus et leurs étals fréquentés de tous, les services de contrôle d'hygiène et de qualité semblent les seuls à ne pas se rendre compte de leur présence. Pourtant, il y a quelques jours, le ministre du Commerce a déclaré que les agents de contrôle seront de service après le f'tour et durant les week-ends. Hélas, profitant de l'impunité et de l'absence des autorités, ce commerce ne cesse de pousser dans plusieurs quartiers de la capitale. Pire, un autre métier vient à peine d'être inventé, c'est celui de préparer du bourak sur la voie publique. Qui dit mieux ?!