En attendant la mise en service d'équipements pour le traitement des déchets à risques infectieux, les rejets des structures de santé se retrouvent souvent dans la nature. Aux abords des routes, dans les caniveaux et décharges publiques, dans la wilaya de Tizi Ouzou, il n'est pas rare, de retrouver des déchets médicaux qui présentent un haut risque de toxicité. Véritable problème de santé publique, les déchets à risque infectieux continuent à être jetés dans la nature. Comment est-ce possible ? À la direction de la Santé et de la population (DSP) de la wilaya, on explique cela par «la négligence». «Au niveau de chaque structure sanitaire, les établissements disposent de bacs spéciaux pour déchets médicaux dans lesquels sont stockés des sacs de couleur jaune contenant ces déchets de soins avant de les transporter vers les incinérateurs. Mais il arrive, parfois, que les personnels de nettoiement se trompent soit par ignorance ou négligence sur les sacs réservées pour ce type de déchets», a expliqué Mme Boutora, responsable du service pharmacie à la DSP. C'est dire que le personnel n'est pas formé pour distinguer entre les différentes couleurs des sacs, notamment le sac jaune réservés aux déchets d'activités de soins à risques infectieux et assimilés (DASRIA) afin d'éviter l'apparition maladies nosocomiales en milieu hospitalier et d'autres sortes de maladies en milieu ouvert. Sur un autre volet, le manque d'incinérateurs à travers les établissements de santé, comme les EPSP (établissements publics de santé de proximité), au nombre de 8 dans la wilaya, continuent le transport des déchets vers les incinérateurs des autres hôpitaux non sans risque, en dépit de l'existence d'un protocole de transport. Les déchets des activités de soins du CHU Nedir Mohamed sont transportés et stockés au niveau du site de Oued Falli, où étaient situés les deux «bruleurs» vétustes de cet établissement qui génère près de 600 kg de déchets médicaux par jour. Une association qui œuvre pour la protection de l'environnement, basée à Boukhalfa, dans la commune de Tizi Ouzou, avait signalé le danger qui pèse sur l'environnement direct de ce site, sachant que les sacs ne sont pas incinérés. «Les sacs jaunes sont stockés à ciel ouvert, dans un enclos à Oued Falli. Ils ne sont même pas brulés. A proximité, des vaches laitières qui broutent de l'herbe et des enfants qui passent de temps à autre pour récupérer les plastiques et autres objets recyclables», a relevé Nacer, membre de cette association écologique. Mais pour la responsable de la DSP, «les deux incinérateurs sont dépassés par la quantité des déchets qui arrivent de trois hôpitaux», avant de rappeler qu'un banaliseur acquis par le CHU sera bientôt installé sur le même site. Un appareil qui permettra d'en finir avec l'ancien procédé. Mme Boutora a estimé qu'avec l'installation du banaliseur «nous aurons fait un pas vers une meilleure prise en charge des DASRIA». Le banaliseur qui sera mis, également, à la disposition du secteur privé, dans le cadre de conventions, permettra la réduction de 80% du volume des déchets et leur stérilisation avant qu'ils ne terminent au centre d'enfouissement technique.