Un gouvernement provisoire de 22 ministres a été formé et pourrait être annoncé demain par le MNLA. Ançar Eddine a imposé l'application de la charia. A Gao, les interdits imposés par la milice islamiste ont provoqué des affrontements armés avec la population, faisant de nombreux blessés. Le chef d'état-major militaire du MNLA, le colonel Mohamed Ag Najiim, affirme que Ançar Eddine sera la seule organisation qui gardera les armes. Au moment où les dirigeants du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) discutaient avec les chefs de Ançar Eddine sur l'avenir du nord du Mali, des affrontements armés entre la milice islamiste et la population faisaient de nombreux blessés. Les interdictions de jouer au football, d'écouter la musique ou tout simplement de regarder la télévision. «C'est vrai que Ançar Eddine est entré en conflit avec la population, mais sachez que le MNLA n'a aucun problème avec ce groupe. Il est du même niveau que le MNLA. Lors de la réunion de Gao, nous nous sommes entendus sur beaucoup de choses. Tout le monde sait que la religion ne peut être imposée par la force. Mais il faut aussi prendre en considération que l'islam fait partie intégrante de la société de l'Azawad. Il prendra une grande place dans la vie quotidienne», a déclaré Mohamed Ag Najiim, chef d'état-major militaire du MNLA, dans une déclaration, faite par téléphone à El Watan. Le responsable confirme la constitution d'un gouvernement provisoire, dont l'annonce sera faite demain à Gao, sans pour autant donner de détails sur sa nature. «Il est encore tôt de parler de la nature du régime que nous allons mettre en place. Ce qui est certain, c'est que la priorité de ce gouvernement est de récupérer les armes qui circulent sur le terrain et de mettre en place les institutions de l'Etat», note l'officier. Il précise qu'à l'exception de Ançar Eddine et du MNLA, aucune autre organisation ne doit détenir des armes. Une décision qui démontre que le groupe islamiste, que dirige Ayad Ag Ghaly, a fini par avoir le dessus sur un MNLA qui s'est présenté au monde comme un mouvement laïque qui veut faire de l'Azawad un Etat républicain et laïque. Or, sur le terrain, la réalité est tout autre. Le chef d'état-major militaire, Mohamed Ag Najiim, explique d'ailleurs : «L'islam ne nous fait pas peur. Nous sommes tous musulmans. Pour nous, le plus urgent est de débattre du sujet avec toute la composante de la société.» A propos de la présence d'Al Qaîda, l'officier ne laisse aucun doute sur l'impuissance du mouvement qu'il commande face à ce danger. «Nous ne pouvons pas combattre militairement Al Qaîda. Seule l'Algérie peut le faire», dit-il. Et de poursuivre : «Nous allons utiliser des moyens politiques pour la faire partir de notre territoire.» Mohamed Ag Najiim trouve que parmi ces «moyens politiques», il y a la parole qui, selon lui, peut donner de bons résultats sans être en confrontation. «Les conditions de vie dans le désert sont très difficiles. Si nous arrivons à leur couper le soutien de la population, ils ne pourront plus résister. Ils seront obligés d'aller ailleurs», note le responsable. Interrogé sur le nouveau mouvement armé créé par l'ancien colonel-major Elhadj Ag Gamou qui appelle à une autonomie politique de l'Azawad, sous la direction du Mali et déclare la guerre à Al Qaîda, Mohamed Ag Najiim affirme : «Il était l'un des héros du gouvernement du Mali qui, pendant 52 ans, n'a rien fait pour l'Azawad. S'il pouvait faire quelque chose, il n'aurait pas fui la région. Pourquoi n'a-t-il pas combattu Al Qaîda lorsqu'il dirigeait l'armée malienne au Nord, avant la libération de l'Azawad ? Je ne pense pas qu'il puisse faire quoi que ce soit.» Le responsable évite de s'étaler sur la sortie du colonel-major Ag Gamou préférant «laisser la question au temps». Interrogé sur le sort des sept otages algériens détenus par Al Qaîda, depuis près de 40 jours, notre interlocuteur soutient : «Nous n'avons pas et nous ne voulons pas avoir de contacts directs ou indirects avec ces organisations. Nous ne savons rien au sujet de ces otages. Mais nous pensons qu'ils ne peuvent être indéfiniment en captivité. Leur libération doit être une question de temps.» Le chef d'état-major militaire conclut : «Nous sommes très optimistes quant à l'avenir de notre région, même si sur le terrain, nous faisons face à beaucoup de défis. Les islamistes sont pour nous comme tous les partis islamistes qui exercent dans les pays musulmans, à commencer par l'Algérie. Nos défis sont ailleurs que dans la nature du régime qui va être adopté.» Force est de constater que face à la montée des forces intégristes dans le nord du Mali, le MNLA sera totalement dépassé. Et rien n'exclut une rébellion de la population contre le diktat de ces groupes, et de ce fait, contre le principe de l'indépendance du Mali.