Le collectif des pharmaciens d'officine d'Alger, représentant les différents quartiers, rejette en bloc le cahier des charges accompagnant la nouvelle convention du tiers payant proposée par la Caisse de la sécurité sociale (CNAS). Il lance un appel au dialogue avec les institutions concernées. Tels sont les deux points abordés hier lors d'une conférence de presse organisée par les représentants mandatés par le collectif en présence d'un avocat et du secrétaire général de l'association de défense des assurés sociaux qui a eu lieu au siège de la section du Conseil de l'ordre des pharmaciens. En attendant d'être agréé en tant qu'association socioprofessionnelle et scientifique, le collectif œuvre pour l'ouverture d'un dialogue autour de toutes les nouvelles dispositions élaborées et proposées par la CNAS. D'emblée, il signale que ce ne sont pas tous les pharmaciens d'officine qui adhérent à ce cahier des charges négocié avec le SNAPO qui « ne représente qu'une infime partie de la corporation », ont indiqué les représentants. « Nous appelons à l'organisation de séances de travail sous forme d'ateliers avec les représentants de la CNAS et des malades afin d'aboutir à des amendements de ces propositions auxquelles nous n'avons jamais été associés », ont-il expliqué en ajoutant : « Nous avons pensé à toutes les formes de contestation même celle de ne pas servir les tiers payants, mais nous ne voulons pas prendre le malade en otage. Il a été plus sage de convoquer cette conférence de presse et éclairer l'opinion publique. » Pour les représentants des pharmaciens, il n'est pas question de signer un cahier des charges qui ne retient que les obligations du pharmacien et qui n'a aucune assise juridique. « Il est inapplicable sur le terrain du moins pour ce qui de notre profession. Une convention signée par les deux parties serait suffisante, comme cela a été fait pour la première convention », ont-il signifié avant de préciser qu'en dehors de ce problème de cahier des charges, les pharmaciens subissent de sérieux préjudices dans le cadre de l'ancienne convention avec « le rejet de certaines ordonnances, les redressements fiscaux et le non-payement par la CNAS des ordonnances du tiers payant depuis trois mois », ont-il souligné. Le malade subit aussi Pour ces pharmaciens, il est difficile aujourd'hui de continuer à travailler dans de telles conditions. Le malade subit lui aussi toutes ces difficultés. « Il risque de ne pas pouvoir trouver ses médicaments dans nos pharmacies. » Les représentants du collectif sont revenus sur les raisons de leur rejet de ce cahier des charges. Ils ont énuméré tous les points contestés. Ils ont estimé que ce cahier des charges est contre l'éthique. « Ces nouvelles dispositions sont en recul avec les modalités actuelles, déjà en elles-mêmes pénalisantes pour les pharmaciens », ont-ils relevé. L'instauration du carnet du tiers payant est l'exemple type d'une proposition qui provoque un surcroît de travail aux pharmaciens, selon eux. Pour ces pharmaciens contestataires, l'engagement pour le médicament générique tel que préconisé par le SNAPO impose aux pharmaciens d'effectuer des opérations complexes tant au niveau de la gestion de ces médicaments qu'au niveau de leur disponibilité à rechercher les génériques les moins chers. Comme ils ont évoqué les conditions posées pour délivrer les médicaments. Une ordonnance dépassant les 1500 DA ne sera pas servie avant qu'elle ne soit visée par le médecin conseil du centre payeur de la CNAS. « Si un diabétique se présente chez nous un jeudi après-midi pour un médicament destiné à une blessure et que cette ordonnance est évaluée à plus de 1500 DA, il ne sera pas servi le jour-même. Il faut attendre trois jours, c'est-à-dire jusqu'à dimanche », dénoncent-ils. Pour le secrétaire général de l'association pour la défense des assurés sociaux, qui est encore sans siège, cette convention du tiers payant est un acquis pour le malade. « Ces nouvelles dispositions du cahier des charges nous inquiètent car c'est le malade qui est pénalisé en premier. » A son tour, l'avocat du collectif d'expliquer la justesse de l'action menée par les pharmaciens. Il a souligné que ce cahier des charges ne peut être imposé sous peine de résiliation de l'ancienne convention. « S'il y a quelqu'un qui a le droit de résilier ce contrat, c'est bien ces pharmaciens qui n'ont pas été honorés », faisant allusion au non-payement par la CNAS depuis trois mois. L'unique solution, selon lui, pour mettre fin à ces litiges est de s'organiser dans un cadre légal et engager le dialogue.