A en croire le rapport du département d'Etat, les autorités algériennes veillent à ce que les observateurs internationaux et les organisations non gouvernementales ne s'approchent pas trop des affaires internes du pays. Il est impressionnant de constater l'écart entre les paroles et les actes du gouvernement algérien. Le département d'Etat américain a mis en exergue, dans son dernier rapport sur les droits de l'homme, les paradoxes de la politique algérienne. Ainsi, soulignent les rédacteurs du rapport, le gouvernement a levé l'état d'urgence, mais a continué à interdire les marches dans la capitale et à restreindre la liberté d'association dans tout le pays.Le gouvernement met en place un programme anticorruption sans contraindre les élus et les hauts responsables à déclarer leurs biens. Bien que la liberté d'expression soit consacrée par la loi, le gouvernement restreint ce droit dans la pratique par des accusations de diffamation ainsi que des «pressions informelles» sur les éditeurs et les journalistes. Un mal nommé «impunité» L'impunité est le mal qui ronge l'Algérie, selon les Américains. Le rapport fait état d'«homicides» dont les auteurs n'ont pas été inquiétés par la justice. Ils citent notamment l'exemple des émeutes de janvier 2011, durant lesquelles quatre manifestants et un policier ont été tués, et plus de 789 autres ont été blessés. Les rédacteurs américains s'étonnent du fait que le gouvernement n'ait pas fourni d'informations publiques sur les mesures prises contre la police et les fonctionnaires des services de sécurité. L'impunité est également constatée dans les affaires de corruption, notamment dans les plus hautes instances de l'Etat. «En mai 2010, le gouvernement a créé le ministère de la Planification, de la prospective et des Statistiques. Cependant, le manque de transparence du gouvernement demeure un grave problème», peut-on lire sur le rapport en question. Ce dernier révèle aussi que la torture est toujours en cours dans certaines prisons – notamment militaires – algériennes. Le rapport américain souligne que des représentants du gouvernement emploient parfois des méthodes condamnables pour obtenir des aveux. Tout en indiquant que ces agents peuvent faire face à des peines de prison allant de 10 à 20 ans, personne n'a été jugé ni condamné. Le département d'Etat rappelle, à ce propos, que dans un rapport de 2008, le Comité des Nations unies contre la torture s'est dit préoccupé par le fait que le Département du renseignement et de sécurité (DRS) maintient des centres de détention secrets à l'intérieur des casernes militaires qui ne sont pas sous l'égide de l'autorité judiciaire. Le département d'Etat demande aussi à faire la lumière sur le dossier des disparus durant les années de terrorisme. Là aussi, c'est l'impunité qui est fustigée. «Le 1er juin 2011, précise-t-on, le comité des droits de l'homme des Nations unies avait demandé au gouvernement d'enquêter sur la disparition de Brahim Aouabdia dans la province de Constantine. Il n'y avait pas d'information sur le cas en fin d'année.» A en croire le rapport du département d'Etat, les autorités algériennes veillent à ce que les observateurs internationaux et les organisations non gouvernementales ne s'approchent pas trop des affaires internes du pays. De nombreux représentants de l'ONU ont ainsi essuyé des refus d'obtention de visa, à l'exemple du rapporteur spécial des Nations unies sur la torture (en suspens depuis 1997), le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires (en suspens depuis 1998), le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme et la lutte contre le terrorisme (en suspens depuis 2006) et le rapporteur spécial des Nations unies sur la détention arbitraire (en suspens depuis 2009).