Le tableau que brosse le département d'Etat américain de l'Algérie paraît peu reluisant. Le rapport annuel sur les droits de l'homme publié mercredi évoque un pays dans lequel les officiels algériens jouissent de l'impunité, où les abus et la torture sont toujours en vigueur, les magistrats n'ont pas les coudées franches, la presse se bat pour préserver sa liberté et le gouvernement est gangrené par la corruption. Torture toujours en vigueur Le département d'Etat américain soutient que la torture est toujours pratiquée en Algérie. Les « raisons sécuritaires » motiveraient, peut-on lire dans le rapport, de telles pratiques. Le rapport s'appuie sur les propos de l'ONG El Karama, selon lesquels près de 80 détenus ayant protesté dans une salle de prière de la prison auraient été menottés, déshabillés et battus avec des barres de fer. Le département dirigé par Hillary Clinton fait également état du procès au tribunal de Blida de quatre officiers de police qui auraient usé de chocs électriques pour arracher des aveux dans une simple affaire de voiture volée. Centres de détention Les établissements pénitentiaires algériens se trouvent, si l'on en croit le rapport américain, dans un piètre état. Les rédacteurs du rapport dénoncent le recours à la détention préventive qui cause, écrivent-ils, une grave surpopulation des prisons. Pressions sur les médias Le rapport du département d'Etat se désole du fait que l'Etat use de moyens de pression pour gagner la mansuétude des journaux privés.Le département d'Etat se montre soucieux par rapport aux condamnations du directeur du journal El Watan, Omar Belhouchet, et des journalistes Chawki Amari et Salima Tlemçani par la justice. Parmi les affaires des journalistes en justice, le département américain a cité également l'exemple de l'arrestation de Faycal Benmedjahed, ancien rédacteur en chef du journal Alger Républicain, pour une accusation de diffamation, en suspens depuis les années 1990. « Le gouvernement influe sur la presse indépendante à travers la propriété des agences de publicité, comme l'Anep, qui décident si les journaux indépendants pourraient bénéficier de publicité. Le gouvernement a ainsi le contrôle de la plus grande source de revenus des journaux », lit-on sur le rapport. En plus des pressions exercées sur les journaux, le département d'Etat a constaté la censure sur les œuvres littéraires. Pas moins de 1471 titres ont été interdits de vente en 2008. Le département d'Etat a critiqué « les restrictions de la couverture des questions relatives à la sécurité nationale et au terrorisme », appliquées contre les médias internationaux. Les rédacteurs du rapport ne comprennent pas que les accréditations de plusieurs journalistes étrangers aient été retirées ou refusées. Ils dénoncent la fermeture du bureau de la chaîne Al Djazeera. Intrusion politique dans les mosquées Le département d'Etat a dénoncé, dans son rapport, la décision de fermeture de 27 églises ainsi que les « pressions » dont font l'objet « les pasteurs algériens » et les religieux convertis. Les rédacteurs du rapport ont souligné le fait que la conversion n'est pas illégale dans le droit civil algérien et que l'apostasie n'est pas un délit. Le département américain a regretté l'affaire des six citoyens de Biskra, arrêtés pour avoir « mangé » et « joué aux cartes » pendant le mois sacré. Autre atteinte à la liberté religieuse : certains imams, relate le rapport américain, ont subi des sanctions, car ils n'avaient pas inclus le 1er novembre dans leur prêche du vendredi. Le département de Mme Clinton ne comprend pas, par ailleurs, les restrictions imposées aux ouvrages religieux, y compris les livres islamiques pour les personnes qui en font un usage personnel.