Une forte explosion a secoué, avant-hier à 19h50, la cité universitaire Bakhti Abdelmajid du quartier El Kiffane de Tlemcen, causant 8 morts et 38 blessés graves, selon le bilan de la Protection civile. Dans la soirée de vendredi, le bilan était de 7 morts ; la huitième victime a été enregistrée hier à midi. En attendant les conclusions de l'enquête de la police scientifique, le directeur de la Protection civile, Malek Kessal, a quasiment confirmé l'information : «L'explosion a eu lieu à 19h50 et c'est le gaz qui en est la cause.» Pour sa part, le directeur des œuvres universitaires, Abderrahmane Rezagui, a indiqué, dans le même sens, que «l'explosion serait due à l'accumulation de gaz dans le sous-sol du restaurant suite à une fuite». Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Hachemi Djiar, lors d'un bref point de presse, a souligné la gravité de cet accident et confirmé les chiffres des victimes ; il incombe ce drame à une fuite de gaz. «L'enquête déterminera les causes exactes de cet accident tragique et nous ferons tout pour que cela ne se reproduise plus», a-t-il ajouté. Par ailleurs, selon nos sources, les victimes, sept étudiants, inscrites à l'école préparatoire dans la filière sciences et technique, comprenant l'élite estudiantine, étaient originaires de Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa et Médéa ; la huitième victime était une employée de l'université, âgée de 54 ans, résidente à Tlemcen. La cité Bakhti, qui hébergeait les filles, nous explique-t-on, est devenue, depuis un peu plus d'une année, une résidence pour garçons ; des étudiants de tout le pays, ayant obtenu les meilleures moyennes au baccalauréat, étaient inscrits dans plusieurs filières à l'université Aboubakr Belkaïd. Des étudiants, hier encore sous le choc, ont dénoncé l'indifférence des responsables du campus quant à leurs doléances : «Nous n'avons pas cessé d'attirer l'attention des responsables de la cité et de l'université sur la dégradation de cette cité, construite en 1979. Il y a moins d'un mois, nous les avons alertés sur des odeurs suspectes de gaz dans le restaurant, mais nous n'avons pas été pris au sérieux. Nous avions même observé un sit-in, en vain. Aujourd'hui, la tragédie s'est produite et l'on ose évoquer le destin et la fatalité.» Hier depuis l'aube, des appels étaient lancés par les UMC du CHU Damerdji pour le don de sang 0-, A- et A+.
Les premières sanctions tombent Moins de 24 heures après le drame, les premières sanctions sont tombées. Selon une source de la wilaya de Tlemcen, le directeur et le responsable de la restauration de la cité Bakhti Abdelmadjid ont été mis en détention préventive par le parquet de la ville. Une mesure prise, selon les mêmes sources, en attendant les conclusions de l'enquête policière. Cette incarcération décidée à la hâte, semble-t-il pour apaiser la tension et la colère, a eu l'effet inverse chez les étudiants qui considèrent que «le directeur de la cité, par exemple, a toujours été sensible à leurs préoccupations, ce n'est pas le cas des autres responsables de l'université». Les étudiants, qui refusent que l'«on se cache derrière de petits boucs émissaires, pour cacher la véritable déliquescence de l'université Aboubakr Belkaïd et l'indifférence, voire le mépris de ses responsables», exigent une véritable enquête pour que les «vrais responsables de cette tragédie payent».