Les ruptures de stocks de médicaments essentiels semblent prendre de plus en plus d'ampleur. Si depuis quelques mois, le ministre de la Santé affirme qu'«il n'y a plus de pénurie de médicaments», le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) vient de démontrer le contraire avec une enquête réalisée dans 21 wilayas du pays. Un échantillon largement représentatif pour juger d'une telle situation, qui est catastrophique surtout dans certaines villes où certains produits sont inexistants, depuis plusieurs mois, dans les pharmacies hospitalières. Un constat des plus alarmants lorsque les réactifs pour réaliser des examens biologiques viennent à manquer ainsi que le film pour radiologie toutes dimensions confondues, le gel pour les examens échographiques, la tuberculine IDR, les poches pour prélèvement de sang et les milieux de culture pour examens de laboratoires. En l'absence de tous ces consommables et moyens de diagnostic, les malades ont tout le temps de voir leur maladie évoluer, voire s'aggraver vers d'autres complications. En ce qui concerne les traitements médicamenteux, rien n'a finalement changé malgré l'enveloppe financière accordée par l'Etat à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) et la ponction de 50% du budget des hôpitaux au profit du ministère de la Santé, soit 27 milliards de dinars. L'enquête réalisée par le SNPSP du 20 mars au 20 mai 2012 montre bien que plusieurs médicaments essentiels – près d'une cinquantaine utilisés dans les pathologies lourdes – sont actuellement en rupture dans les établissements de santé. Les officines connaissent également les mêmes problèmes de manque de certains produits vitaux. Au moment où l'OMS exhorte les pays à développer des plans nationaux de lutte contre certaines maladies – telle la tuberculose, que l'Algérie a vu reculer pendant des années – notre pays risque aujourd'hui de connaître une véritable flambée. Les pénuries cycliques de trithérapies et de moyens de dépistage favorisent les résistances, signalent les spécialistes. Le SNPSP affirme que les médicaments utilisés dans l'entretien pour les tuberculeux tels que l'Isoniazide et la Rifampicine sont en rupture dans les établissements hospitaliers de 21 wilayas du pays. Il en est de même pour les classes thérapeutiques suivantes : cardiologie (Digoxine, Dobutamine, Lasilix, Alteplase) ; anesthésie (Propofol injec, Sevoflurane solution pour inhalation, Udociane gel, Procaine injectable) ; anti-inflammatoires ; corticoïdes (Hydrocortisone et Dexamethazone injectables) ; gastroentérologie (Oméprazole, Ranitidine), gynécologie-obstétrique (Oxytocine injectable), contraceptifs oraux (Methylergometrine) ; pneumologie (Salbutamol et Terbutaline solution pour inhalation) ; ophtalmologie ; sérums et antidotes (antiscorpionique, antitétanique) ; solutés pour perfusion et adjuvants métaboliques ; cancérologie (Methotrexate, Métomycine injectable, Doxoburicine, Vinblastine, Bléomycine)… Les antibiotiques injectables utilisés en milieu hospitalier sont eux aussi en rupture de stock à une période où les infections nosocomiales connaissent une forte prévalence.