Le Front Polisario vient de procéder à Tifariti (territoires libérés), à la destruction d'un stock de mines antipersonnel. Cette opération s'est déroulée en marge des festivités marquant le 30e anniversaire de la RASD. Le ministre de la Défense sahraoui, Mohamed Lamine Bouhali, a souligné que cette initiative illustre le choix du peuple sahraoui pour « une paix juste et durable dans la région basée sur le respect de ses droits légitimes à la liberté et à l'indépendance ». Il a déploré que le Maroc « s'obstine toujours à ne pas détruire son stock de mines ». Rabat, qui n'est pas signataire du Traité d'Ottawa de 1997 interdisant les mines antipersonnel, a essaimé des millions de mines dans la région, disposées le long d'un mur de sable de plus de 2000 km, fortifié d'armes lourdes, de tranchées, de barbelés et de soldats, coupant le pays et le peuple du Sahara-Occidental du Nord au Sud. Celles-ci font à ce jour des victimes. Quant à Mme Elisabeth Reusse-Decrey, présidente de l'Appel de Genève, elle a, tout en félicitant le Polisario pour « cette initiative courageuse par laquelle il a pris le chemin de l'humanité », lancé un appel à la Communauté internationale afin d'exercer des pressions sur le Maroc pour l'amener à emboîter le pas du Front Polisario et à détruire ses mines. « Ces mines sont une arme à bannir, on sait à quel point celles-ci peuvent créer des drames humains et toucher les populations civiles et ne font pas la différence entre le pas d'un enfant et celui d'un soldat. » Le Front Polisario a signé il y a trois mois l'appel de Genève dans lequel il s'est engagé à détruire dans une première étape 3000 mines antipersonnel. L'appel de Genève est une organisation humanitaire internationale lancé en 2000 par des membres de la Campagne internationale contre les mines antipersonnel, œuvrant à engager dans la lutte contre les mines antipersonnel les acteurs qui ne sont pas en mesure de signer la Convention d'Ottawa. Il offre un mécanisme complémentaire à la Convention, permettant à ces acteurs d'adhérer à la norme d'interdiction des mines en signant l'acte d'engagement. A ce jour, 27 mouvements ont signé cet acte. Aux yeux de Mme Elisabeth Reusse-Decrey, la décision du Front Polisario constitue « un exemple, car il y a beaucoup d'Etats qui n'ont pas signé une interdiction des mines ». Cela dit, cette initiative, il est vrai, témoigne de la dynamique de paix à laquelle adhère le Front Polisario dans la région. Et il n'est pas sans rappeler dans cette optique la décision de libérer en août 2005, les 404 prisonniers de guerre marocains détenus dans les camps des réfugiés sahraouis de Tindouf. Lors d'une conférence de presse, animée dans la soirée de lundi, le président sahraoui a invité lui aussi la communauté internationale à exercer des pressions sur le Maroc afin de détruire ses mines et libérer tous les prisonniers sahraouis. Sur un autre registre, Mohamed Abdelaziz a invité les pays arabes à adopter une position neutre par rapport au conflit avant l'organisation du référendum d'autodétermination. Cela sans omettre de critiquer la position de certains pays arabes qui ont soutenu le Maroc lors de l'invasion en 1975. Abdelaziz s'est déclaré par ailleurs optimiste quant à la position des USA à respecter et à reconnaître au peuple sahraoui son droit légitime d'autodétermination. « Les USA ne reconnaissent certes pas le Front Polisario mais aussi ils ne reconnaissent pas la souveraineté du Maroc dans les territoires occupés », a-t-il tenu à rappeler. N'écartant pas sa visite dans les jours à venir en Mauritanie, Abdelaziz a promis que l'exercice du pouvoir à la RASD, une fois libre, s'effectuera par la voie du vote.