Alors que la région du Nord-Mali est désormais sous le contrôle des rebelles touareg, des éléments d'Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et d'importants trafiquants de drogue, la situation à Bamako reste encore des plus confuses. Difficile de savoir, en effet, qui tient véritablement les rênes du pouvoir. Malgré l'existence d'un accord de la Cédéao prévoyant une prorogation de 12 mois du mandat du président intérimaire Dioncounda Traoré, les partisans du coup d'Etat du 22 mars et les anti-putschistes continuent à se livrer une lutte sourde pour le contrôle des institutions du pays. Profitant du soutien de la communauté internationale, le gouvernement de transition tente tout de même d'imposer son autorité. Hier, une cinquantaine de personnes ont été arrêtées à Bamako après l'agression dont a fait l'objet le président intérimaire, Dioncounda Traoré. Selon un communiqué du gouvernement malien, certaines personnes interpellées ont été déférées devant la justice et les enquêtes se poursuivent pour faire toute la lumière sur les circonstances de cette attaque. L'identité des personnes arrêtées n'a pas été divulguée, mais selon certaines sources citées par des médias, les prévenus sont «membres» de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam) qui avait initié la marche à Bamako, la semaine dernière, au cours de laquelle le président intérimaire avait été agressé par des manifestants hostiles à son maintien au pouvoir. Depuis, Dioncounda Traoré se trouve en France pour des examens médicaux, laissant le pays dans le flou et l'incertitude. Ouvertement opposés à l'accord conclu par les putschistes avec la Cédéao qui donne les rênes du pouvoir au président Dioncounda Traoré, les animateurs de la Copam s'étaient alors empressés d'élire le capitaine Amadou Haya Sanogo en qualité de président de la transition. Devant la crainte justement de voir les pro-putschistes remettre en cause la feuille de route de la Cédéao, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), un collectif d'associations et de partis politiques qui s'est opposé au coup d'Etat contre l'ex-président Amadou Toumani Touré, a décidé hier d'organiser une marche de protestation dans Bamako, avant d'y renoncer à la demande de responsables religieux. Confusion et guerre de positions Déconnectés du sud du pays depuis près de 4 mois et disséminés essentiellement entre le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et le groupe islamiste Ançar Eddine, les rebelles touareg qui font de l'indépendance de leur région leur principal cheval de bataille tentent, quant à eux, depuis une semaine, d'unir leurs rangs afin de peser davantage sur le terrain et négocier en position de force avec Bamako le moment venu. L'autre objectif assigné à la «fusion» des deux groupes consiste également, affirment les responsables du MNLA, à isoler AQMI qui cherche à noyauter la rébellion touareg pour contrôler l'Azawad et en faire sa principale base au Sahel. D'après la même source, la fusion du MNLA et d'Ançar Eddine est en bonne voie. Un accord définitif devrait, ajoute-t-on, être trouvé dans les prochaines heures. S'il est certain qu'il ne sera pas facile pour les deux groupes rebelles de trouver un terrain d'entente en raison de leurs divergences idéologiques (le premier est laïc alors que le second est islamiste), il reste néanmoins que le plus dur, pour eux, sera de chasser Al Qaîda de la région.