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Gnaoui, Diwane, Tagnaoui, Stambali, Zar : entre fusion et confusion
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Publié dans El Watan le 31 - 05 - 2012

Bien que ses dénominations soient multiples : diwane en Algérie, gnaoui au Maroc, stambali en Tunisie et zar en Egypte, musicalement qu'est-il exactement ?
On sait à peu près ce qu'il en est de ses différentes expressions, ses instruments et ses rituels, mais la recherche académique en ce domaine est encore balbutiante pour ne pas dire nulle en Algérie. Pour ce qui est de sa généalogie et de son histoire, tout est également à établir. En raison de cet état de fait, une rencontre en marge de la 6e édition du Festival de musique diwane a poursuivi la réflexion engagée depuis que la manifestation existe. Senouci Saleha s'est intéressée aux multiples fonctions sociales du diwane. Elle en a dénombré cinq, dont l'expression corporelle qui est extériorisation de divers états d'âme. La catharsis sur laquelle elle débouche réinsère l'individu dans la collectivité, cette dernière refondant ainsi sa cohésion spirituelle et sociale.
Enfin, conclut la chercheuse du Crasc, le diwane est plaisir ludique et festif. Benyakoub Azzedine, homme de radio et chercheur, a avancé de nouvelles pistes sur les généalogies et histoires du diwane en développant une approche ethnolinguistique. En ce sens, le diwane étant une «invention» des esclaves affranchis et islamisés, il recommande la connaissance du haoussa, la langue, selon lui, des 12 millions de personnes expatriées d'Afrique de l'Ouest par l'esclavage au cours des XVe et XVIe siècles. Cela est d'autant plus nécessaire que nombre des incantations de son rituel, en langue haoussa sont incompréhensibles par les groupes gnaoua qui les entonnent.
En effet, le diwane s'est fait dans un curieux syncrétisme linguistique, ethnique et religieux, l'Islam s'étant accommodé du polythéisme animiste, la croyance primitive des déportés. En s'appuyant sur l'étymologie haoussa, Benyacoub explique que le terme diwane est une contraction de Da I Wan qui renvoie à un rite magico-religieux vaudou, dont les descendants d'esclaves perpétuent aujourd'hui le souvenir. A cet égard, il y a fort à parier que l'usage du haoussa plutôt que de l'arabe a permis de voiler la signification du rite aux «non-haoussaphones», la langue arabe ayant été réservée à l'apport islamique dans le rite.
Qu'en sera-t-il, à l'heure où l'islamisme a pris solidement ses quartiers, si les incantations en question étaient traduites en arabe pour en révéler le sens ? Par ailleurs, selon le conférencier, à l'origine, le terme gnaoui devait se prononcer konaoui et renverrait à la ville de Kona, konaoui et konaoua étant les épithètes au singulier et au pluriel pour désigner des habitants originaires de cette grande métropole haoussa située au Nigeria. A cet égard, l'influence de cette langue au Maghreb serait telle que le pluriel des substantifs en langue dialectale algérienne correspondrait à la structure morphosyntaxique du haoussa et non de la langue arabe. Cependant, pour aussi séduisantes que soient les assertions de Benyagoub, elles ne font pas l'unanimité.
Un autre intervenant en a pris le contre-pied, réaffirmant ce qui est admis généralement en la matière. Il s'agit de Sidi Mohamed Belkhadem, qui s'est intéressé au diwan oranais, ses conclusions s'appuyant sur ses observations des groupes Sidi Blal d'Oran. Il rappelle que la constitution du diwane ne doit pas aux seuls haoussas, mais également à toutes les ethnies victimes de la traite dont la plus importante des populations est bambara. Par ailleurs, il note que si le substantif diwane n'est usité qu'en Algérie, c'est en raison de l'origine turque du terme, les Ottomans ayant dominé en Algérie, alors qu'au Maroc, ils n'ont jamais été, ce qui ferait qu'en ce pays c'est l'épithète gnaoui qui, comme cela est généralement admis, découlerait de Guinée.
Se penchant sur l'actualité du diwane, Bouziane Ben Achour note dans une dense contribution que «si ses aspects formels se sont placés depuis une quarantaine d'années sur des ressorts techniques évolutifs, le fond, en revanche, garde une certaine permanence thématique, culturelle et spirituelle, permanence d'un savoir-faire imbibé de modes d'expressions profondément ancrés dans le passé». Cet art qu'il qualifie du corps et de la voix, «art physique et art de la fable (…) a toujours su exprimer le temps d'un attachement qui ne se comptabilise pas mais qui se vit au jour le jour. Un temps qui refuse les globalisations dans leurs calendriers aveugles et leurs prétentions à régenter le monde sur un seul modèle, un seul et unique concept : la mondialisation».Ben Achour conclut son analyse en avançant que contrairement «à beaucoup d'autres musiques du monde, le diwane ne cherche nullement à s'arracher à son territoire de naissance et à ses muses d'origine».
De la sorte, il «a le mérite de n'avoir jamais dévié de sa trajectoire première, de n'avoir jamais été séduit, jusqu'à dissoudre son âme, ses ressorts esthétiques et philosophiques au contact des chants de sirènes à origine indéterminée, des sirènes abonnées aux réseaux de la triche, ou encore, pour se mettre dans l'air du temps, des sirènes produit intégral de la contrefaçon». Abdelhalim Miloud Araou, journaliste, s'est lui aussi penché sur le présent du diwane, mettant en exergue «l'exception algérienne» qui fait que «la présence des femmes artistes dans la musique diwane constitue une spécificité algérienne par rapport aux autres variantes maghrébines du diwane». Il note, à cet égard, que ni dans le gnaoui marocain, ni dans le stambali tunisien, ni dans le stambouli libyen, on ne trouve de femmes musiciennes alors qu'en Algérie, elles sont nombreuses. Hasna El Bécharia constitue à cet égard le cas le plus notable de cette percée féminine dans un art qui est une affaire d'hommes. Le guembri, apanage masculin et instrument du seul maâlem, est ainsi passé aux mains d'une maâlma, introduisant par là même une désacralisation du rite ancien.


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