A Béchar, selon l'histoire populaire, qui circulait de bouche à oreille, le Diwane aurait fait son apparition dans le Maghreb arabe il y a quare siècles et demi. Une très ancienne troupe de Gnaoua a été fondée traditionnellement en 1895, au quartier de Debdaba (Béchar). Cette troupe se composait des défunts M'kaddem (chef) Salem Belhadj Seggou, Ba-Faradji, Berrezoug Blèl, Salem Boukhriss, Ba-Lali et Ba-Faradji Fezzou. Depuis ce temps, qui n'est pas si lointain, d'autres amateurs ont inspiré par succession et suivi de ce style musical pour le faire ériger comme toutes les autres cultures, de notre patrimoine national. En 1950, une autre équipe de la même famille donnait naissance à un grand nombre de personnes qui veulent pratiquer et préserver le Diwane. Cette équipe s'est rattachée fortement à ce chant et ses danses qui sont multiples pour éviter l'extinction de cette ethnomusicologie. Elle se compose de Ba-lali qui est à la fois M'kaddem chef et Bango qui signifie chanteur, Damou Abdelkader, Seggou M'barek Maâlem instrumentiste du (goumbri, instrument à cordes), le Chaouch est le gestionnaire Ahmed Salah Kounti, les instrumentistes (du karkabo, castagnettes métalliques) sont les Gnadizes sont les frères Guesbaoui, M'barek et Mohamed, Hidli Kada, Hidli Houmina, Bernaoui Mohamed, Fezzou Mohamed, le second Maâlem Salem. A cette époque Ammi (oncle) Brahim était guendouz de karkabou et en même temps Maâlem. En 1968, Ammi (oncle) Brahim a connu le défunt cheikh Benchardji Medjdoub (de la wilaya de Saïda) qui a initié l'oncle Brahim sur le chemin des autres Abradj (modes) bien ordonnés dans les harmonies de tous les modes du Gnaoui réel. Par contre, auparavant, les anciens du Diwane Gnaoua à Béchar, se jouait traditionnellement par Abradj (modes) Lala-Mimouna, Lala-Mira, Baba-Hamou, Ba-Wali, Sid–Elghazi, Bouri-Manandabo, Lala-Malika, Koukbani, etc. Dans la même année (1968), Ammi Brahim a fondé une équipe grâce à sa longue expérience dans le Diwane. Son équipe a participé à plusieurs festivals à travers toute l'Algérie. Ammi Brahim a décroché 12 attestations d'honneur et plusieurs prix. D'où il a participé aux manifestations culturelles, dans le cadre de l'Algérie, capitale de la culture arabe. Il est connu dans toute l'Algérie. Aujourd'hui, Ammi Brahim est devenu l'érudit avec sa personnalité spirituelle de Diwane dans la région du sud-ouest du pays. Ammi Brahim a participé à cette 5e édition. Le commissaire du Festival culturel national de la musique Diwane a choisi comme thème central des conférences-débats prévues durant six jours à l'occasion de la 5e édition « la gestualité et la symbolique dans le chant et les danses chorégraphiques populaires». Ces valeurs culturelles des arts populaires sont mises en mode d'emploi pour représenter ces thématiques de gestualité, chorégraphie et expressions traditionnelles. Ce qui permet aux conférenciers de mettre des lumières culturelles sur le Diwane. Le thème de la sémiotique de l'objet instrumental dans le Diwane a été la communication de Azzedine Benyakoub, universitaire et chercheur en patrimoine culturel populaire. La communication porte sur le rapport entre la morphologie des instruments de musique utilisés dans le rituel du Diwane et la typologie des sépultures dans le pays de l'haoussa et des bornu. Le goumbri et les karkabou ( les crotales) au-delà de leur fonction utilitaire, purement instrumental. C'est leur dimension symbolique qui paraît la plus importante à nos yeux. Plus encore par des sons, c'est par leur forme, par leur décoration qu'ils tentent de reproduire la nature. Ils peuvent aussi spécifier par un détail aussi naturaliste que possible ou par un signe allégorique. Les sociétés, les « Mehalla » ont pour lui ( Diwane) des égards qui justifient la fonction qu'on lui attribue. Les adeptes lui confèrent un pouvoir magique. La conférencière Narrimane-Zehor Sadouni, critique d'art de l'UNESCO, a abordé le thème : « La gestuelle est le propre de l'homme ». Si le mouvement est particulier à toutes créatures, la gestuelle quant à elle le propre de l'homme. Depuis la nuit des temps, le concept du corps suscite des débats controversés, car chaque civilisation a sa propre vision du sacré et du profane, et la transmet de génération en génération. Les communautés s'enrichissent de leurs particularités et de leurs différences. Une première lecture de cette approche du corps se fait en rapport avec l'art de la sculpture depuis la Grèce antique en passant par la représentation du corps chez les peuples d'Afrique. La gestuelle est révélatrice. Elle demeure un vecteur incontournable de l'expression première de l'humanité et repose sur des codes et des schèmes socioculturels. Dans sa communication, Abdelhalim Araou, journaliste et chercheur en patrimoine culturel et populaire, a mis en exergue lors de la conférence le recours par les musiciens de ces deux genres artistiques populaires aux instruments de musique simples. L'usage du karkabou, du bendir, du goumbri, du t'bal, du luth,du banjo et de paroles et chants engagés tirés du patrimoine oral populaire et du quotidien des populations a permis à cette arte povera (art des pauvres) de se positionner sur un mode révolutionnaire. Mohamed Serir, universitaire et chercheur au CRASC d'Oran, s'est lui aussi penché sur le thème de «la chanson populaire entre la symbolique de la parole et la particularité de la gestualité». La parole est un patrimoine immatériel et cela a connu une évolution considérable et de grandes études des fondements de la parole qui est la base dévoilant les significations que prétend transmettre le poète aux auditeurs. Meaiane Abderrahmane a abordé le sujet de « la symbolique de la couleur dans les rites du Diwane» dès le début de l'humanité, l'homme s'est attaché avec la couleur. Cette dernière a formulé sa subconscience. La couleur blanche par exemple est unique mais les gens se diversifient dans son usage et sa compréhension. Cet usage et cette compréhension reflètent leurs comportements. Encore, la couleur s'est attachée avec les rites. Les gens du Diwane n'ont pas les mêmes visions envers l'usage des couleurs. Alors, le Diwane d'aujourd'hui reste le symbole de l'ancestralité de la musique spirituelle de l'africanité d'où ce patrimoine est devenu une musique universelle qui appartient à toute l'humanité avec toutes ses couleurs. Mohamed Smail