Face à l'aggravation de la crise sécuritaire dans le Sahel et au risque d'effondrement de l'Etat malien, le chef de l'Etat béninois et président en exercice de l'Union africaine, Thomas Boni Yayi, a plaidé hier en faveur d'une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU en vue de la création d'une «force» africaine d'intervention au Mali. «Nous proposons que l'UA renforce sa position pour que le Conseil de paix et sécurité (de l'UA) puisse saisir le Conseil de sécurité de l'ONU», a-t-il dit à Paris au lendemain de sa rencontre avec le président François Hollande, évoquant une «force» qui pourrait être africaine sous l'égide de l'ONU. «Nous pouvons prendre l'exemple de la Somalie, où une force africaine opère avec le soutien des Nations unies. Nous pouvons aller dans cette direction», a-t-il dit, sans plus de précisions quant à la composition et au mandat de cette force. «Cette solution (militaire) doit venir après le dialogue, mais le dialogue ne doit pas trop durer», a-t-il ajouté. «Nous ne voulons pas d'un Afghanistan ouest-africain. La question de la stabilité n'est pas négociable pour nous», a-t-il martelé, avant de mettre dans le même sac les éléments du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), d'Ançar Eddine et d'AQMI. Le Mali est, rappelle-t-on, coupé en deux depuis deux mois, à la suite d'un coup d'Etat militaire qui a renversé le régime du président Amadou Toumani Touré le 22 mars. Toute la partie nord du pays est sous le contrôle de rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et de groupes islamistes. L'UE rejette l'indépendance de l'Azawad A l'instar de l'UA, l'Union européenne (UE) a par ailleurs rejeté hier la «déclaration d'indépendance» des groupes contrôlant le nord du Mali et réaffirmé sa «détermination» à préserver l'intégrité territoriale du pays. «La déclaration d'indépendance faite par le MNLA est nulle et non avenue», a déclaré l'UE au terme de la 5e réunion annuelle de leurs comités de politique et de sécurité (PSC) à Bruxelles. Dans un communiqué rendu public le même jour, l'UA et l'UE ont réitéré, en outre, «leur engagement à préserver l'unité et l'intégrité territoriale du Mali» et ont «condamné énergiquement les violations des droits de l'homme dans le nord du Mali par les rebelles et les groupes armés et terroristes». «Nous sommes d'accord pour accroître la pression» à la fois sur ces groupes et pour soutenir le processus de transition à Bamako, où le président de transition, Dioncounda Traoré, a été victime d'une agression le 21 mai, a souligné Olof Skoog, qui préside le comité de l'UE, au cours d'une conférence de presse. Pour cela, les Européens restent «prêts» à «considérer leur soutien aux efforts» de l'UA et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui s'est déclarée disposée à envoyer une force armée au Mali si elle recevait une demande officielle en ce sens de Bamako. Une source européenne a toutefois indiqué que les options envisagées étaient «difficiles à mettre en œuvre» en raison de «la complexité» de la situation malienne.