Peu de nos compatriotes le savent, un Algérien a occupé durant longtemps de très hautes fonctions à Manhattan au sein du leader mondial de l'industrie pharmaceutique, le groupe américain Pfizer. Mohand Sidi Saïd qui vient de publier aux éditions Genèse un ouvrage autobiographique ayant pour titre L'esprit et la molécule : une radioscopie de l'industrie pharmaceutique, est en effet passé par différentes étapes de la hiérarchie de ce géant du médicament, pour occuper le poste de vice-président du groupe, à la faveur duquel il se distinguera par un certain nombre d'actions qui influeront positivement, aussi bien sur le management du groupe qu'il ouvrira à la diversité, que sur son éthique qui prendra, en grande partie grâce à lui, un aspect plus humain avec, notamment, la mise à disposition gratuite de médicaments au profit des populations les plus pauvres de la planète. Rien ne prédisposait pourtant ce compatriote issu d'une famille très modeste de Kabylie et, de surcroît jeune orphelin, à embrasser une carrière aussi prestigieuse, qui lui permettra de parcourir l'ensemble de la planète, de rencontrer les hommes politiques parmi les plus influents du monde, en se distinguant par sa déconcertante capacité à susciter l'adhésion à ses projets, aussi bien de ses collaborateurs que des autorités politiques ayant accepté d'accueillir les investissements industriels du groupe Pfizer dans leurs pays. Non sans difficulté, il contribuera à l'implantation d'usines de médicaments dans de nombreux pays du monde : Inde, Chine, argentine, Afrique du Sud, Algérie, Egypte, Australie etc. Très sensible à la détresse humaine, sans doute parce qu'il a lui-même subi les affres de la pauvreté et de la privation dans sa Kabylie natale, il sera de tous les combats pour sensibiliser les dirigeants de son groupe mais, plus largement encore, les autorités politiques les plus influentes de la planète aux problèmes de santé publique (sida, paludisme, le trachome et autres maladies infectieuses) qui affectent les populations des pays les plus pauvres, d'Afrique et d'Asie. Il parviendra à convaincre son entreprise et certains Etats particulièrement vulnérables à ces maladies d'établir des partenariats multiformes pour rendre accessibles au plus grand nombre les traitements et équipements médicaux requis. En grande partie grâce à lui, des pays ravagés par le sida et autres maladies infectieuses peuvent désormais mettre à la disposition de séropositifs et autres malades sans ressources des médicaments gratuits qui permettent à des millions d'entre eux de rester en vie. Aujourd'hui à la retraite, Mohand Sidi Saïd poursuit admirablement son action humanitaire au profit des «damnés de la terre» en mettant bien souvent ses propres deniers à la disposition d'organisations humanitaires. En 2005, il créa même sa propre structure de levée de capitaux en grande partie destinée aux jeunes créateurs de sociétés de biotechnologies axées sur la lutte contre le sida, l'ostéoporose et le cancer. Très actif, son combat l'a tout récemment conduit dans un quartier très pauvre de Jaipur (Inde) à la tête d'un convoi humanitaire.