Le prince Saoud Al Fayçal a appelé, hier, les monarchies du Golfe à se mobiliser pour aider les Syriens à «se défendre». Bien que la communauté internationale soit opposée, pour le moment, à toute idée d'intervention, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al Fayçal, a appelé hier les monarchies du Golfe à se mobiliser pour aider les Syriens à «se défendre» face au régime de Damas. Le ministre, qui s'adressait à ses pairs du CCG (Emirats, Bahreïn, Oman, Qatar et Koweït) réunis à Jeddah, dans l'ouest de l'Arabie, n'a pas précisé par quel moyen il entendait aider les Syriens à se défendre. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a par ailleurs affirmé que «le temps est venu» pour la Russie de changer de position sur la Syrie. «Le temps est venu pour la Russie de passer du soutien au régime syrien à une action en faveur de l'arrêt des combats et d'une transition politique pacifique» dans ce pays, a déclaré le prince Saoud dans une conférence de presse. Harcelé de toutes parts, le régime de Damas a de son côté daigné enfin autoriser l'ONU et des ONG à apporter de l'aide humanitaire dans quatre provinces, comme stipulé par le plan de sortie de crise de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan. Après des missions de reconnaissance dimanche, des organisations humanitaires pourront s'installer à Homs (centre), Idleb (nord-ouest), Deraa (sud) et Deir Ezzor (est), pour distribuer une aide alimentaire et médicale. Des salafistes arrêtés à la frontière jordanienne Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, a réaffirmé la volonté de Damas de faire réussir le plan Annan et de «protéger la mission des observateurs» déployés pour faire appliquer un cessez-le-feu violé quotidiennement. Sur le terrain, les combats entre l'armée syrienne et les insurgés faisaient néanmoins toujours rage. Les forces du régime ont bombardé et pris d'assaut plusieurs localités. Elles ont attaqué Kafarzita dans la province de Hama (centre) après trois jours de bombardements, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Neuf personnes auraient été tuées hier à l'issue des ces opérations. Des voitures transportant des milices baptisées les «Sauterelles» y sont entrées ensuite «pour voler maisons et boutiques en l'absence des propriétaires» ayant fui, selon la même source. En outre, les forces du régime bombardaient notamment la ville rebelle de Homs (centre) et combattaient les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL). Pour sa part, l'agence officielle Sana a annoncé la mort de trois officiers de l'armée tués par des «groupes terroristes». Par ailleurs, des responsables des services de sécurité jordaniens ont fait savoir hier que deux salafistes jordaniens ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de traverser la frontière vers la Syrie voisine afin d'y combattre les forces du président Bachar Al Assad. «Deux hommes originaires de la ville de Maan dans le sud ont été arrêtés dimanche à la frontière quand ils ont tenté d'entrer illégalement en Syrie», a indiqué à la presse le responsable des services de sécurité. Selon des rebelles syriens et des analystes, des combattants sunnites étrangers continuent à rejoindre le combat contre les troupes du régime syrien. Il est toutefois difficile d'établir leur nombre. Damas a maintes fois accusé le réseau terroriste Al Qaîda d'être impliqué dans la révolte. Moscou : « Al Assad n'est pas indispensable» Au plan international, le dossier syrien a toujours autant de mal à sortir du statu quo dans lequel il est resté prisonnier depuis plus d'une année. La situation pourrait cependant évoluer un peu durant les prochains jours. Sollicitée par les Etats-Unis et l'Union européenne pour lâcher son allié syrien, la Russie a consenti finalement à faire une petite concession. Le Kremlin a, à ce propos, fait savoir qu'il ne considérait pas le maintien au pouvoir du président Bachar Al Assad comme une condition préalable au règlement du conflit en Syrie. «Nous n'avons jamais dit ou posé comme condition qu'Al Assad devait nécessairement rester au pouvoir à la fin du processus politique», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, à l'agence Itar-Tass. Alliés indéfectibles de Damas jusqu'à présent, Moscou et Pékin sont opposés à toute intervention armée, ainsi qu'au renversement du président Al Assad. Mais soutiennent certains spécialistes, Moscou pourrait le lâcher sans lâcher le régime. L'essentiel étant que ses intérêts dans la région ne soient pas remis en cause. Sans nul doute que la situation pourrait très vite évoluer si l'Occident offrait des garanties aux Russes. Le tout est de savoir maintenant si Washington et Bruxelles peuvent accepter un tel deal.