C'est une première en Algérie, un antécédent grave. Le ministre de l'Education nationale refuse non seulement d'ouvrir la porte des négociations, mais opte pour les méthodes les plus archaïques. Il a décidé de nous poursuivre en justice pour dissoudre notre syndicat agréé », a indiqué, outré, M. Ider, premier responsable de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef). Il qualifie d'inadmissible la démarche du ministère qui use de tous les moyens pour étouffer le mouvement de contestation. Hier, M. Ider a reçu une correspondance émanant de la direction des études juridiques et de coopération, plus précisément du service des conflits. Le document fait référence aux différentes infractions commises par le syndicat Unpef. Selon le document portant en bas de page le cachet du ministère de l'Education nationale, l'Unpef aurait enfreint la loi régissant l'activité syndicale. Il est ainsi mentionné que le ministère a saisi les responsables de l'Unpef à trois reprises pour leur demander de respecter les articles contenus dans la loi 90-14 portant sur l'exercice du droit syndical. Une procédure que l'Unpef, selon toujours le document, n'a pas pris en considération puisque le syndicat a adhéré à une organisation non reconnue par la loi - allusion faite à la Coordination intersyndicale des travailleurs de l'éducation - et n'a pas respecté les décisions de justice relatives à l'arrêt de la grève, que ce soit celle déclenchée en janvier ou celle observée en février derniers. M. Ider a précisé que la direction des études juridiques et de coopération a pour mission de vérifier la conformité des textes établis par le ministère de l'Education nationale et non pas de prendre position et de parler au nom du ministère. « Nous avons, comme le stipule le document de la direction, reçu des correspondances émanant du ministère. Ces dernières, malheureusement, ne comportaient que des insultes, des intimidations et de l'offense. Le ministre n'a à aucun moment évoqué le dialogue ou parler de mesures d'apaisement. On n'a pas le droit de se comporter de la sorte avec un syndicat qui n'a fait que son devoir, qui est de défendre les revendications légitimes des travailleurs », a indiqué M. Ider qui s'est dit déçu de constater que le ministre de tutelle qui se retrouve à court d'arguments et d'initiatives opte pour la dissolution pure et simple d'un syndicat. « L'Unpef ne compte pas baisser les bras et ne va pas se laisser faire. Notre syndicat est membre de l'Internationale de l'éducation (IE). Nous allons, si cela s'impose, saisir les responsables de l'IE pour leur soumettre notre problème. Nous allons également mener des actions à l'échelle nationale et internationale pour dénoncer ces procédés », a expliqué M. Ider qui demande à chacun d'assumer ses responsabilités. Le porte-parole de l'Unpef ne comprend pas la démarche des responsables du ministère. Il rappellera qu'une réunion de travail entre les représentants de l'Unpef et ceux du ministère a eu lieu la veille du discours du premier magistrat du pays, à savoir le 24 février dernier. Les deux parties ne sont arrivées à aucun résultat positif. « Cependant, en ce qui nous concerne, nous étions prêts à faire des propositions pour le règlement du problème et nous avons demandé au ministre d'adopter la même attitude et d'ouvrir par là même la porte des négociations, seule alternative pour mettre fin au conflit. Une semaine après, le ministre nous répond par cette décision qui est de nous traduire devant les tribunaux pour la dissolution de notre syndicat. Ce n'est pas normal », a affirmé M. Ider qui estime que le département de M. Benbouzid opte tout simplement pour le pourrissement au lieu de l'apaisement. « Il bloque le dialogue, refuse de discuter avec les syndicats autonomes et aujoud'hui, il veut dissoudre les syndicats reconnus par l'Etat. Où va ce ministère ? Cette situation mène vers l'explosion... », a soutenu M. Ider, dénonçant les méthodes de gestion du ministère visant à discréditer l'Unpef et aussi les syndicats qui ne sont pas à sa solde. « M. Benbouzid a tenté de créer un mouvement de redressement au sein de l'Unpef, il a essayé de diviser nos rangs, il n'a pas réussi. Maintenant il passe à un autre stade et il échouera... », a noté M. Ider.