Les mouvements et l'instabilité des sols en Kabylie a été l'un des thèmes présentés lors des premières journées scientifiques sur la géologie, organisées la semaine dernière au campus universitaire de Tamda (15 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou), par le Département des sciences de la terre et de l'univers (STU) de l'université Mouloud Mammeri. De différents autres thèmes touchant à la géologie ont ainsi été développés. Se basant sur l'analyse de données géologiques, une lecture des aspects géologiques et morpho-structuraux des récents glissements de terrains survenus en Kabylie a été «déroulée» par M. Farid Amirouche, enseignant au département des STU. «En Algérie, il n'existe pas de cartographie des risques naturels. L'établissement de cette cartographie est la priorité des études, car il s'agit de donner aux techniciens et aux pouvoirs publics un outil de travail pour identifier, évaluer et hiérarchiser les risques dans une zone donnée afin de protéger la population d'éventuelle catastrophe naturelle», dira M. Amirouche répondant à une intervenante. «Ces phénomènes peuvent engendrer des désordres importants et des pertes économiques considérables, notamment lorsqu'elles affectent des zones et des espaces fortement urbanisés. Des menaces sérieuses pèsent sur les populations tant urbaines que rurales», explique l'universitaire. Durant son exposé, le conférencier s'est étalé dans une description détaillée des conditions géologiques qui prévalaient dans les zones où sont survenus les mouvements de sol, notamment ceux ayant eu lieu récemment à Illilten, Azazga, Bouzguene, Aïn el Hammam et à Tigzirt. «Les phénomènes que la Kabylie a connus sont liés à trois facteurs essentiels ; la lithologie, l'eau et la pente. Le relief de la région présente donc tous les facteurs prépondérants, tels que la texture du sol, le climat et le poids qui sont des facteurs aggravants», dira encore M. Amirouche. À ces facteurs, l'enseignant n'a pas manqué de souligner l'importance d'une cartographie des risques, en évoquant le cas des glissements de terrain d'Azazga et de Aïn El Hammam. Autant dire qu'une urbanisation incontrôlée en l'absence d'une cartographie des risques constitue en soi un facteur aggravant. «Pour le cas d'Azazga, un grand terrassement sur la zone du glissement a rendu le sol, fait d'argile, de grés et de flysch, instable, suite à l'élimination de ses appuis», selon le même orateur, qui ajoute qu'à «Aïn El Hammam, le poids a joué un grand rôle dans la provocation du glissement. Sur la partie en mouvement, il y a un marché et des constructions réalisées sur du schiste satiné, un sol qui présente la particularité de se débiter en feuilletés». Par ailleurs, un intervenant a insisté sur les effets néfastes de la déforestation massive dans les zones rurales en Kabylie, ce qui accentue la vulnérabilité des sols. «Cette situation nous incite à prêter une attention particulière à l'étude de ces phénomènes afin de sérier les facteurs naturels et anthropiques à l'origine afin de comprendre leurs mécanismes de fonctionnement, d'entrevoir des solutions, lorsqu'elles existent, et d'entreprendre une cartographie des terrains à risques de glissement en Kabylie», conclut l'orateur.