Les islamistes armés encore en activité et les personnes recherchées pour terrorisme ont, en vertu des dispositions légales portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale publiées, avant-hier, au Journal officiel, six mois pour déposer les armes et se rendre aux autorités. L'ultimatum est donc fixé pour le 28 août 2006, date de forclusion des effets de ces dispositions. Et si ces dernières ne donneront pas les résultats escomptés, que va-t-il se passer ? Ces nouvelles mesures, faut-il le préciser, n'auront de résultats tangibles que dans la mesure où l'engeance qui tient encore le maquis accepterait d'abandonner ses cantonnements. Le pari n'est pas gagné d'avance étant donné que le gros des troupes est affilié au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), une organisation barbare ayant, par le passé revendiqué son « attachement indéfectible » à la nébuleuse Al Qaïda et qui s'est déclarée déterminée à poursuivre ses sinistres objectifs jusqu'à « l'instauration d'une république islamique en Algérie ». On pourrait croire, à première vue, que les dispositions de la charte visent des individus et non pas des structures terroristes. Cependant, le vrai problème se posera, en effet, au cas où ces irréductibles refusent toujours, à titre individuel ou collectif, « la générosité présidentielle ». Quelle sera alors la suite des événements en matière sécuritaire ? Logiquement, l'Etat, dans un souci de fermeté, mobilisera la grosse artillerie pour venir à bout des irréconciliables du GSPC. Ce qui est toutefois à craindre, et ce, quels que soient la conduite de l'Etat et les effets immédiats des textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, ce serait l'impact négatif que pourrait avoir le nouvel arsenal juridique, notamment sur le moral des troupes luttant sur le terrain. Cette loi ne va-t-elle pas désarmer psychologiquement les forces de sécurité d'abord et les patriotes grâce auxquels l'Algérie a pu sauvegarder son ordre républicain, ensuite ? L'équipement militaire importé, aussi sophistiqué soit-il, ne serait pas suffisant pour défaire les criminels salafistes qui écument encore les maquis islamistes. Il faut surtout pouvoir remotiver les forces combatives avec des actes conséquents, des gestes décisifs. A voir Madani Mezrag, le « chef de guerre » et ancien « commandant » de l'Armée islamique du salut (AIS), recevoir les traitements de faveur, animer des conférences de presse, se faire inviter dans les salons d'honneur comme un personnage de marque, le militaire le plus audacieux se sentirait découragé. Et si les fossoyeurs de la République, Mezrag et consorts s'entend, venaient à participer dans une échéance électorale, comme ils le prétendent, il serait, à tout point de vue, inique de pousser un jeune soldat au champ de bataille. L'histoire étant un éternel recommencement, il se pourrait que ceux qu'on combat aujourd'hui seront les premiers à être décorés demain. C'est l'erreur naturelle des patriotes qui désertent le champ de bataille à l'heure du combat décisif !