Cette zaouïa a été intronisée à l'occasion d'une rencontre organisée par le secteur de la culture. La zaouïa de Sidi Bouazaa, située dans un vallon à quelques encablures du chef-lieu de la commune de Sidi Ben Adda, à près de 500 m de la route menant à Béni-Saf, a été intronisée représentante en chef de la tariqa Bouazzaouya pour l'Algérie. L'évènement s'est produit en marge de la rencontre de trois jours organisée par le secteur de la culture autour de la question du rôle des zaouïas dans la préservation de l'identité nationale. Devant un aréopage de cheikhs de diverses zaouïas d'Algérie, toutes tariqas confondues, une correspondance émanant de Moulay Mokhtar Bouazzaoui, le chef spirituel de la zaouïa mère de la Bouazzaouya sise à Marrakech, a été lue à l'assistance après la clôture officielle de la rencontre. Le document avait été transmis par l'intermédiaire de la fille du signataire qui était sa déléguée lors de la rencontre. Cette dernière, El Bouazaoui Aïcha, professeur de philosophie et présidente de la ligue des chorfas bouazzaouis, a fait une communication lors de la rencontre. Elle avait évoqué le rayonnement maghrébin de la zaouïa Bouazzaouia. Celle de la commune de Sidi Ben Adda, elle, n'a pas d'origine maraboutique avérée selon nos informations. En fait, à l'origine, il s'agissait d'une école coranique comme les tribus et les grandes familles féodales s'en dotaient au profit de leurs progénitures. L'imam qui y enseignait a été élevé à la dignité de marabout à sa mort et une koubba lui a été élevée ainsi qu'à son frère qui l'avait remplacé, au cimetière du douar, une nécropole juchée au-dessus du vallon. Dimension maghrébine Longtemps sous l'éteignoir à l'instar de la majorité des zaouïas du pays, elle a été ressuscitée à la faveur de leur remise sur orbite par le Président Bouteflika. Le deuxième résultat de la rencontre, celui-là assumé officiellement, est une des recommandations de la rencontre consistant à lui donner une dimension maghrébine plutôt que simplement nationale, les zaouïas ayant toutes un prolongement dans les pays voisins et même au-delà. Par contre, il n'a été fait état d'aucune proposition consistant à associer une zaouïa lors de la prochaine édition comme lors des deux précédentes rencontres sur les trois organisées autour de la pensée soufie. Est-ce le fait de rencontres inabouties entre universitaires et membres de zaouïas ? Il y a en effet lieu de le penser car si l'assistance est généralement constituée de membres de confréries, les conférenciers, eux, sont plutôt des universitaires. Or, si les uns développent un discours religieux et une approche basée sur le consensus, la recherche universitaire est, en théorie, sans complaisance pour ne pas dire plutôt rugueuse. Or, face à leur auditoire, les intervenants se sont pliés à sa nature, versant dans le propos convenu pour éviter le conflit. Ce n'est que durant les débats que quelques vérités ont été osées. Ainsi, en opposition au panégyrique sur la contribution des zaouïas à la lutte de libération nationale, une ou deux voix ont osé rappeler que ces institutions religieuses n'étaient pas indemnes de reproches dans la collaboration avec l'occupant, d'une part, et d'autre part, il a été signifié la perte d'influence des zaouïas sur la société et en particulier au sein de la jeunesse qui constitue la majorité de la population.