Le choc contre l'Angleterre, premier rendez-vous de l'équipe de France à l'Euro-2012, demain lundi à Donetsk, n'est pas un match anodin pour les Bleus dont le plus imposant contingent étranger provient, d'outre-Manche. Avec 7 joueurs évoluant en Premier League (Evra, Cabaye, Malouda, Nasri, Ben Arfa, Clichy, Koscielny), les Bleus auront encore un accent anglais très prononcé en Ukraine. Une vieille habitude pour une sélection qui ne semble plus pouvoir se passer de ses «Frenchies». Le championnat anglais, où le King Eric Cantona et David Ginola ont fait figure de précurseurs, rassemble depuis 12 ans la plupart des expatriés convoqués en équipe de France, supplantant l'Italie, berceau des cadres champions du monde en 1998. Terre d'accueil historique des Français du temps des Henry, Vieira et Pirès, le club londonien d'Arsenal a perdu de sa superbe au profit du nord de l'Angleterre, et notamment des deux clubs de Manchester et de celui de Newcastle qui cumulent cinq des sept membres de la colonie. Ce tropisme anglais témoigne de la puissance économique de la Premier League, mais rajoute surtout du piment aux rencontres contre le vieil ennemi. La dernière confrontation n'a fait qu'exacerber l'antagonisme, la nouvelle équipe de France de Laurent Blanc se payant le luxe d'administrer une leçon de technique aux Anglais dans leur jardin de Wembley (2-1 en novembre 2010). Plus globalement, les Bleus ont pris un ascendant psychologique sur la sélection aux Trois Lions qui ne les a plus battus depuis 1997 et s'est même inclinée 4 fois en 5 matches. Mayonnaise Mais pas de doute pour les sept «sujets de Sa Majesté» : les Anglais seront surmotivés face à leurs grands rivaux malgré une cascade de blessures (Lampard, Cahill, Barry), la suspension de leur meilleur buteur (Rooney) et la nomination tardive d'un nouveau sélectionneur (Roy Hodgson). «C'est sûr, l'Angleterre sera prête et compétitive, estime Malouda, arrivé à Chelsea en 2007 et qui fait figure d'anciens chez les Frenchies avec Patrice Evra, pilier de Manchester United depuis 2006 et capitaine des Red Devils. Au niveau mental, ce n'est pas le genre d'équipe à se cacher. C'est la culture anglaise. Je sais ce que cela représente d'avoir des fans derrière soi.» Yohan Cabaye, qui a découvert cette saison à Newcastle les charmes de la Premier League, a également très vite saisi que les France-Angleterre étaient toujours des face-à-face particuliers. «On s'attend à un gros combat parce qu'on sait comment jouent les Anglais, surtout contre la France, estime l'ancien Lillois. On est prêt et on n'a pas besoin de prévenir les autres joueurs. Même s'ils sont diminués, ça reste une grosse équipe.» Quelle que soit l'équipe de Hodgson, les Bleus redoutent la réaction d'une Angleterre piquée au vif et en position d'outsider. «Même si ce sont des amis, j'espère que la mayonnaise ne prendra pas cette année. C'est une belle équipe mais on les a joués chez eux et on les a battus. Ils vont se souvenir de ce match pour faire une belle performance», prédit Gaël Clichy, champion d'Angleterre avec Manchester City. Un sentiment parfaitement résumé par Cabaye : «Il faudra une grande équipe de France pour battre l'Angleterre.»