La venue de Belkhadem à Oran a été diversement interprétée par les parties du FLN en conflit. Venu jeudi officiellement pour participer à une journée d'étude portant sur la femme, c'est à l'hôtel El Mouahidine qu'il a par la suite passé la majeure partie de son temps où il a reçu plusieurs cadres du parti, tous représentant une des 4 à 5 tendances plus ou moins représentatives des courants inconciliables à l'échelle locale. Pour le colonel Abid qui occupe la mouhafadha, siège officiel du parti, rien n'a été décidé et les choses resteront donc en l'état : « M. Belkhadem a parlé de passations de consignes entre M. Bouhara, l'émissaire contesté, et son successeur, M. Madani Houd, mais ce dernier n'était pas présent à la rencontre. » La raison invoquée est que le nouveau superviseur a eu un empêchement de dernière minute, un frère gravement malade. A signaler que la venue à Oran du vice-président du sénat et surtout sa rencontre avec M. Abid ont suscité des remous chez les militants FLN de la kasma 2 des moudjahidine, quartier général de la commission présidée par M. Fréha, chargée de la restructuration des instances de base mais contestée par le premier. Pour Djelloul Brahma, ancien mouhafedh démissionnaire et actuel P/APW, « Abdelaziz Belkhadem est venu écouter les différentes parties et consolider la commission existante par le biais de nouvelles nominations ». Trois membres de celle-ci ont effectivement démissionné. Le secrétaire général du FLN s'est dit prêt à recevoir des cadres à Alger. Pour cet ancien responsable local, « il s'agit maintenant de remettre les registres aux kasmas de base (40), de réhabiliter les anciens militants, d'ouvrir les portes aux nouveaux militants, de passer à la distribution des cartes, au payement des cotisations pour ensuite procéder à l'organisation des AG dans le respect des textes ». Pour Mahmoud Si Youcef, membre du conseil exécutif, initiateur d'une première tentative d'installation d'une commission formée par les membres d'Oran du conseil national du parti, « la seule source de crédibilité c'est la kasma et la capacité à mobiliser ». Il pense lui aussi, en accusant certaines têtes d'affiche de vouloir « se faire parachuter vers des postes », que la désignation de M. Houd ne signifie pas un changement de superviseur mais une continuité du travail déjà effectué avec possibilité d'extension de la commission à d'autres membres. « A sa venue, M. Houd, moi-même, M. Abid et M. Fréha avons déjeuné ensemble à la coupole », confie-t-il pour montrer une certaine volonté à dépasser le conflit. Seulement, au-delà des rencontres protocolaires, chacun campe sur ses positions. M. Belkhadem a évité justement de se rendre à la mouhafadha dans le souci de préserver une certaine neutralité et c'est justement ce qui lui est reproché.