En l'absence d'une autorité centrale pour imposer un consensus, le congrès, dit rassembleur, du FLN n'aura d'autre choix que d'accepter deux délégations qui iront à partir d'Oran avec chacune une liste d'une cinquantaine de congressistes élus par les kasmas légales et parallèles ainsi que des représentantes féminines. M. Brahma, fédérateur de deux ailes du mouvement de redressement et des anciens partisans de Benflis, a annoncé hier la finalisation depuis samedi soir des élections organisées dans 45 kasmas. Quatre femmes représenteront également les cellules d'animation du mouvement féminin. De son côté, M. Abid, qui refuse tout compromis et voulant se placer en seul interlocuteur, a lui aussi annoncé la finalisation durant la même soirée (jusqu'à minuit) des congressistes, 43 personnes supposées avoir été également élues dans leurs kasmas respectives, plus 8 femmes dont deux auraient été élues par les mêmes instances de base du parti. La tendance radicale qu'il préside est minoritaire, mais le groupe est pris en compte comme une partie du jeu. Il avait déjà annoncé qu'il avait le quitus de Belkhadem mais, interrogé sur la véracité de ces allégations, il n'a présenté qu'un fax rémunérant les responsables de wilayas. Or ce document ne comporte ni expéditeur, encore moins une mention de Belkhadem. A un moment, on avait annoncé la venue à Oran de M. Harraoubia. La venue de l'actuel ministre de l'Enseignement supérieur aurait pu donner à M. Abid et son groupe une certaine crédibilité, mais celui-ci n'est jamais venu, comme s'il s'agissait d'une rumeur colportée sciemment. En revanche, M. Brahma et son équipe peuvent se targuer d'avoir reçu El Hadi Khaldi au début des préparatifs du congrès, même si celui-ci n'est jamais revenu et, plus récemment, MM. Soltani et Naïmi qui, eux, ont eu du mal à se faire entendre car la réunion pour laquelle ils sont venus et qui a rassemblé beaucoup de cadres du parti a été perturbée mardi dernier. Au lendemain de cette confrontation verbale, le colonel Abid est revenu à la charge en occupant le bureau de la mouhafada, resté fermé faute de consensus. En réalité, à chaque fois qu'une partie tente de s'y installer, le clan parallèle réagit. C'est ce qui s'est passé samedi lorsque, durant la matinée, des adversaires du colonel ont pris la décision de sceller la porte. A défaut d'un règlement local, le conflit actuel va inévitablement se transposer à Alger le jour du congrès. Pour le moment, les dirigeants locaux font tout pour éviter des confrontations aux conséquences pouvant être fâcheuses. A l'échelle centrale, le cas d'Oran pose le plus de problèmes et personne ne veut apparemment s'impliquer pour ne pas s'attirer les foudres des adversaires qui, au fond, refusent le rassemblement même s'ils en affichent officiellement l'intention dans leurs communiqués. C'est le cas de celui du colonel Abid qui, d'une part, parle d'assainissement du parti de ses « parasites mercantiles » qui l'ont squatté pendant les dernières années et de l'autre, déplore officiellement que l'« aile parallèle » refuse de rejoindre ses troupes.