L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a convenu, lors de sa réunion à Vienne, de maintenir à 30 millions de barils par jour (mbj) son plafond de production décidé en décembre 2011. Les ministres de l'Energie des 12 pays membres de l'Organisation ont adopté cette décision pour tenter de redresser la courbe des prix de l'or noir qui fléchit depuis quelques mois largement en dessous du seuil des 100 dollars, considéré par les pays producteurs comme le prix d'équilibre du marché. Une situation inquiétante pour les pays exportateurs et qui est due, dans un contexte de crise et de ralentissement économique, au dépassement de quotas estimé à près de 2 millions de barils, notamment par certains pays du Golfe, l'Arabie Saoudite en tête. Une propension à dépasser les quotas qui n'est pas nouvelle et renfloue les trésoreries des pays exportateurs lorsque les prix sont au plus haut, mais qui, dans la situation actuelle, contribue sensiblement à faire chuter les prix et menace les économies mono-exportatrices comme celle de l'Algérie. L'embargo des pays occidentaux sur le pétrole iranien, entrant en vigueur le 1er juillet 2012, n'aurait de ce fait aucun impact sur le marché, au grand bénéfice des pays consommateurs qui mettront ainsi leurs décisions d'embargo en pratique sans grande crainte pour leur économie d'une flambée incontrôlée des cours. L'OPEP, en tant qu'organisation visant la sauvegarde des intérêts des producteurs, se trouve ainsi dans une situation inconfortable. Face aux «pressions» occidentales et à l'indiscipline de certains membres, l'Organisation a décidé de jouer la seule carte possible pour l'heure, celle du maintien du statut quo en attendant de voir comment vont évoluer les prix dans les prochaines semaines. «Dans le cas où les prix du pétrole se détériorent, le président de l'Organisation, l'Irakien Abdelkrim Luaibi, convoquera une réunion extraordinaire de l'OPEP pour examiner la situation et décider des mesures à prendre pour redresser le marché», a averti une source de l'organisation. Un scénario que certains analystes proches des pays consommateurs qualifient d'«hypothétique». Une réduction des quotas nécessite en fait une décision de consensus inimaginable dans la situation de léthargie économique et des processus politiques et géostratégiques engagés par les grandes puissances, alliés au plus influent membre de l'OPEP, dans leur face-à-face avec l'Iran. L'OPEP, qui a reconduit son plafond de production à l'issue de la réunion des 13 et 14 juin 2012, s'était engagée, fin décembre 2011, à maintenir la production de ses 12 pays membres à 30 millions de barils par jour, le niveau où elle se situait alors, mais sans redéfinir de quotas individuels. Cependant, la production de l'organisation a atteint près de 32 mbj, un niveau presque historique en dépit de la faiblesse de l'économie mondiale, une demande fragile et la tension autour de l'Iran. Dans une déclaration à l'APS peu avant l'ouverture de la réunion, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a affirmé que le maintien du plafond actuel de production de l'OPEP «ne sera pas suffisant» pour enrayer le repli des prix du pétrole. «Actuellement, il y a une augmentation injustifiée de la production au niveau de l'Organisation. Avec cette surproduction, il risque d'y avoir une baisse incontrôlée des prix à des niveaux qui seraient très difficiles de rétablir par la suite», a-t-il ajouté. Outre l'Algérie, de nombreux pays membres de l'OPEP, notamment l'Iran, le Venezuela, la Libye, l'Equateur ont pointé du doigt la surproduction qu'ils considèrent à l'origine du déséquilibre observé ces derniers mois sur le marché et du repli des prix. Après s'être hissé en mars 2012 à 128 dollars – un sommet depuis juillet 2008 – le cours du baril de Brent coté à Londres a dégringolé de 25%, tombant début juin autour de 97 dollars, au plus bas depuis près d'un an et demi. Selon M. Yousfi, de nombreux membres de l'Organisation partagent le point de vue de l'Algérie par rapport à l'accroissement de la production de l'organisation pétrolière et ses effets négatifs sur les prix. Abdallah El Badri, secrétaire général de l'Organisation, a demandé pour sa part aux membres de l'OPEP de «diminuer leur offre de 1,6 mbj au total» Reste à connaître la suite que donnera l'Arabie Saoudite à cette requête.