La corruption est une contrainte majeure dans le climat des investissements en Algérie. 75% des entreprises algériennes reconnaissent avoir versé des pots-de-vin lorsqu'elles ont affaire aux agents de l'Etat, et beaucoup jugent que la corruption est le problème qui les gêne le plus. » C'est ce que indique le dernier rapport de la Banque mondiale sur le développement mondial en 2005, rendu public mardi dernier. Plus grave encore, le prix de la corruption, révèle l'institution de Bretton Woods, « représente en moyenne 6% du chiffre d'affaires (CA) des entreprises en Algérie ». L'enquête réalisée en 2003 par la Banque mondiale en Algérie a concerné 1400 entreprises. La corruption peut imposer, souligne le rapport, « des coûts deux fois plus lourds que les coûts liés à la réglementation ». Conjugués aux difficultés d'exécution des contrats et au poids financier de la réglementation, « ils représentent parfois plus de 25% du chiffre d'affaires - c'est-à-dire plus de trois fois le montant des impôts que les entreprises versent normalement à l'Etat ». Plus de 90% des entreprises indiquent qu'« il y a une différence entre les politiques et la pratique et, dans un grand nombre de pays en développement, le secteur informel de l'économie représente plus de la moitié de la production. Les gouvernants doivent s'employer à supprimer cette différence et s'attaquer aux causes plus profondes de l'échec des politiques qui érodent le climat de l'investissement », souligne Warrick Smith, principal auteur du rapport. S'il est souvent nécessaire de modifier la législation et les politiques pour améliorer le climat de l'investissement, le rapport souligne que les gouvernants doivent s'attaquer à quatre problèmes plus profonds pour atteindre cet objectif. Le premier est de « lutter contre la corruption et d'autres formes de recherche de rente ». L'influence disproportionnée des entreprises bien introduites auprès des milieux politiques se traduit par des distorsions dans les politiques gouvernementales et la façon dont elles sont appliquées. Le deuxième est de « renforcer la crédibilité des politiques gouvernementales et l'adoption de nouveaux textes de loi ne permettra guère de changer les choses si les entreprises ne sont pas convaincues que ces textes seront appliqués ou qu'ils seront maintenus ». Le troisième élément est de « gagner le soutien du public pour les réformes ». Faute de rallier l'adhésion du public à l'instauration d'une société plus productive, la mise en œuvre des réformes sera ralentie et leur viabilité compromise. Veiller à ce que les mesures prises par les pouvoirs publics soient adaptées aux réalités locales. Les méthodes d'approche qui sont importées d'autres pays sans avoir fait l'objet d'un examen critique ont souvent des résultats décevants, voire pervers. En 2003, Transparency International a indiqué que « la corruption dans les administrations et le système judiciaire semble constituer une entrave aux affaires en Algérie, au Liban, en Syrie et en Egypte ». Là aussi, l'indicateur pour le cas algérien affiche -0,62 (indice de perception de la corruption d'une échelle qui varie de 0 à 10, 10 étant la meilleure situation).