Les forces de l'ordre doivent veiller à l'application stricte d'installer le chronotachygraphe sur les véhicules poids lourds. Si de l'autre côté de la Méditerranée, il est obligatoire depuis 1969 pour tous les véhicules de transport de personnes de plus de 8 places et sur les véhicules de transport de marchandises de plus de 3,5 tonnes, en Algérie, il aura fallu attendre 43 longues années. L'entrée en vigueur du texte réglementant l'obligation de l'installation d'un chronotachygraphe sur les véhicules poids lourds est annoncée pour la fin juin, avons-nous appris auprès de la direction des transports de la wilaya de Annaba. Les dispositions d'application sont en passe d'être finalisées à la direction des transports terrestres du ministère de tutelle, a-t-on ajouté. Il aura fallu toute une décennie au ministère des transports pour préparer les dispositions en question, le chronotachygraphe étant instauré par l'article 49 du code de la route (Journal officiel du 19 août 2001). Qu'est-ce qu'un chronotachygraphe ? «C'est un appareil électronique appelé communément «mouchard», lequel, outre la vitesse suivie, enregistre les temps de conduite et d'arrêt (coupures) ainsi que les temps de travail ou de disponibilité, le total permettra de déterminer avec exactitude le temps de service assuré par le conducteur», explique Djamel Guerfi, expert automobile à Annaba. Faciliter le contrôle des temps de conduite, veiller au strict respect des temps de repos quotidien et hebdomadaire devant être prescrits par les textes législatifs et combattre ainsi l'une des causes majeures des accidents de la route causés par les poids lourds, sans cesse en hausse, est l'objectif assigné à la mise en œuvre de l'obligation de les doter de ce type d'appareil. Toutefois, une question que d'aucuns se posent : pour quelle version, analogique ou numérique, va-t-on opter en Algérie ? «Il est clairement établi que chez les Algériens, du moins la majorité, la qualité médiocre et l'achat à moindre coût sont érigés en règle. A l'exception des deux grandes entreprises Sonatrach et Sonelgaz, de par la nature sensible de leurs produits, on va assurément opter pour la version la moins coûteuse, c'est-à-dire le chronotachygraphe analogique (disque de papier). Désuet, celui-ci est en train d'être abandonné en faveur du numérique où l'enregistrement se fait dans la puce de la carte conducteur», répond M. Guerfi, ex-directeur régional de l'Exal (Expertise Algérie). Du côté des assureurs, l'on estime que le nouveau dispositif de contrôle sera de nature à limiter leurs dépenses en matière de sinistres. En offrant la possibilité de déterminer les responsabilités dans la survenance des sinistres, il sera d'un apport certain pour élucider les litiges entre compagnies d'assurances dans le traitement des recours. «Les déclarations contradictoires des assurés pourraient désormais être mieux jugées par les régleurs de sinistres pour peu que ce moyen de preuve leur soit fourni. La mise en place des chronotachygraphes est également bénéfique pour les assureurs vu qu'il aidera à mieux gérer le parc de la flotte lourde», souligne Djamel Abbaci, assureur-conseil spécialiste des grandes entreprises. Les assurances et les réductions tarifaires En revanche, renchérit-il, «les assureurs devraient, en contrepartie de l'installation des chronotachygraphes dans les véhicules lourds, accorder des réductions tarifaires, mais en dehors de la traditionnelle concurrence basée sur la guerre des tarifs». Aux forces de l'ordre – police et Gendarmerie nationale – reviendra l'application stricte et rigoureuse de la nouvelle mesure. Pour les entreprises de transport routier et celles disposant de leur propre parc lourd, l'adoption du dispositif sera un système de responsabilisation et sera intégré dans le système de management de leur chaîne logistique. Les spécialistes de l'import-import ont déjà flairé le filon : un parc de 300 000 à 400 000 véhicules poids lourds est à équiper. Rien qu'en 2011, 2656 unités ont été écoulées sur le marché national par les distributeurs de 11 marques. A lui seul, le leader au losange, à savoir Renault Trucks, a vendu 1220 porteurs la même année et 1500 en 2010.