Django Reinhardt était de « retour » vendredi soir au théâtre régional de Constantine.Au deuxième soir du dixième Festival international du jazz, Dimajazz, le trio français composé de Adrien Moignard et Ghali Hadefi, à la guitare, et William Brunard, à la contrebasse, ont rendu hommage, à la leur manière, au célèbre guitariste de jazz manouche belge. Constantine De notre envoyé spécial
Tout le concert était dédié à Django Reinhardt, disparu à l'âge de 43 ans en 1953. Le trio a ainsi repris avec ses propres couleurs des titres connus que « Brazil » ou « Nuages». Django Reinhardt, qui avait joué aux côtés de Duke Ellington et Stéphane Grappelli et qui avait inspiré, plus tard, Mark Knopler, avait su marier musique tzigane et jazz.
Cela s'appelle désormais le Gypsy Jazz ou Jazz Manouche. Le trio Adrien Moignard a bien sûr respecté la tradition liée à ce style de jazz, à savoir l'absence de percussion. Il a repris « Sunny » de Marvin Gaye en hommage au bassiste mauricien Linley Marthe rencontré lors d'un récent voyage au Brésil. Linley Marthe est également présent à Constantine. Il a accompagné jeudi soir le joueur américain de steelpan, Andy Narrel, lors du concert d'ouverture du Dimajazz 2012.
En introduction de la reprise de « Caravan » de Duke Ellington, le trio Adrien Moignard a joué un extrait de « Caravane to Baghdad ». Le public dimajazzien aurait aimé que les musiciens français aillent «plus loin » dans l'interprétation instrumentale de la célèbre chanson de Hamid Baroudi.
Le trio a aussi interprété avec des arrangements « Autumn Leaves » de Nat King Cole, « Love me tender » d'Elvis Presly, etc. « Nous n'avons pas joué nos propres compositions ce soir. Nous sommes influencés par Django Reinhardt mais aussi par tout ce que nous écoutons tels que Stevie Wonder, la pop music. Django Reinhardt a réinventé la guitare. Il a approfondi la création en musique. Chacun de nous joue dans diverses formations. Souvent, nous nous retrouvons en trio Ghali, William et moi. Il y aussi des projets à côté. C'est l'avantage du jazz, pouvoir jouer avec beaucoup de personnes. Nous essayons toujours d'aller dans plusieurs chemins, de s'amuser et d'improviser », nous a expliqué Adrien Moignard, après le spectacle.
Selon lui, le jazz Manouche, qui est né en France dans les années 1930, est de plus en plus joué à travers le monde. Plusieurs festivals lui sont dédiés. « Le fait que des chanteurs se servent de la rythmique Manouche a beaucoup popularisé ce style », a-t-il ajouté. Adrien Moignard a participé en 2008 au projet musical Selmer 607 (Selmer Maccaferri était la marque de la guitare sur laquelle jouait Django Reinhardt) avec d'autres guitaristes solistes manouche comme Richard Manetti, Rocky Gresset et Noé Reinhardt.
« Selmer 607 que j'ai monté a été un projet tremplin qui a permis à ces guitaristes de se faire connître un peu plus. Plus tard, chacun a produit un album en solo. Nous avons produit un second album avec Stochelo Rosenberg. Ce néerlandais est numéro deux dans le monde à jouer la guitare manouche », a expliqué, pour sa part, Ghali Hadefi.
En 2010, Adrien Moignard a fait sortir un album et s'apprête à mettre sur le marché un nouvel opus en septembre prochain.Un album qui portera le titre deBetween clouds »(« Entre les nuages »), un autre clin d'œil à Django Reinhardt, et qui sera marqué par la présence de la percussion. Début juillet, Adrien Moignard et Rocky Gresset feront découvrir à leur public un nouvel album réalisé en duo. Ghali Hadefi, dont le père est né à Constantine, considère la découverte du jazz manouche comme un coup de foudre.
« Auparavant, j'étais plongé dans la musique rock. Et depuis 1998, et la découverte de la guitare manouche, j'ai tout lâché. Je ne fais que cela. J'avoue que je ne connaissais pas Django Reinhardt avant cette date. J'ai appris qu'il jouait malgré des doigts paralysés après une brûlure d'un main. Il était un vrai génie. Il a crée un style et un vocabulaire musical », a confié Ghali Hadefi qui revient après 29 ans en Algérie ! « J'étais venu en vacances à l'âge 8 ans à Oran. J'ai des souvenirs d'enfance », a-t-il dit.