La tranche d'âge de 25-50 ans est la plus touchée, soit 20% de cette population. L'actualité sur le suicide et les tentatives de suicide en Algérie a été au centre des débats les 9 et 10 juin dans le cadre des journées nationales du CHU de Tizi Ouzou. Le phénomène qui constitue aujourd'hui un sérieux problème de santé publique inquiète de plus en plus les spécialistes qui tentent de nouvelles approches pour une meilleure compréhension de cette forme de violence complexe. C'est pourquoi, ont-ils souligné lors de ces journées, il faut faire appel à la médecine, la psychopathologie, la sociologie, l'anthropologie, la philosophie, la théologie et même à l'histoire. Le suicide d'enfants dans certaines localités en Kabylie, ces derniers mois, a interpellé les consciences et suscité interrogations et curiosité. Les résultats de l'étude épidémiologique prospective, réalisée sur les cas de suicide de 2007 à 2011 dans la wilaya de Tizi Ouzou par l'équipe du service de psychiatrie au CHU de Tizi Ouzou, dirigée par Pr A. Ziri, Dr B. Boulassel, Dr A. Messaoudi, Dr H. Bensafia, Dr N. Tounsi, Dr Mohdeb, présentée lors de ces journées, montre bien l'ampleur du phénomène. Sur les cinq années, 259 suicides sur 1287 autopsies, ce qui représente, selon les auteurs de cette étude, 20%. Un taux très élevé et le constat est fait de manière plus importante chez la tranche d'âge de 25-50 ans. Pour ce qui est du sexe, le nombre d'hommes est plus important que les femmes. Ils sont 84% d'hommes contre 16% de femmes suicidés. En ce qui concerne les moyens utilisés, la pendaison reste le moyen le plus fréquent, suivi de la défénestration avec 50% et l'intoxication aux médicaments avec 44%. Les auteurs de cette étude estiment que l'approche épidémiologique appelle à des commentaires, en l'occurrence en matière d'augmentation des suicides, la prédominance du sexe masculin, une fréquence élevée chez l'adulte jeune entre 25 et 50 ans. Cette étude, précisent-ils, montre aussi l'existence d'une pathologie psychiatrique connue dans 74% des cas et ignorée dans 26%, «souvent des malades pris en charge par des médecins généralistes qui passent à côté d'un état mélancolique», ont-ils noté en signalant qu'il s'agit d'un état des lieux inquiétant et qui nécessite l'élaboration en urgence d'une politique nationale par la création d'un observatoire national, préconiser des enquêtes épidémiologiques, la prise en charge psychiatrique et psychologique de la population à risque, l'amélioration des conditions de vie socio-économiques et professionnelles, insister sur le rôle joué par les mouvements associatifs culturels et religieux, la prise en charge des malades dépressifs par le personnel médical adapté et par l'entourage (la famille). Pour ce faire, les auteurs de cette étude recommandent d'intégrer dans les programmes de formation continue de tous les praticiens un enseignement sur les conduites suicidaires pour les sensibiliser au repérage et au signalement en vue d'une prise en charge adaptée du suicidaire.