La diversité entre enfin à l'Assemblée. Dix candidats, tous socialistes, ont été élus dimanche dernier. Cinq d'entre eux sont d'origine algérienne : Malik Boutih, Kader Arif, Kheira Bouziane, Razzy Hammadi et Chaynesse Khirouni. Paris De notre correspondant Tous ont été investis par le Parti socialiste, parfois avec des dissidents en face d'eux. Ils ont bénéficié de l'étiquette «diversité», choix non assumé. Le parti «a fait une erreur de présenter les choses ainsi», critique le nouveau député de Montreuil, Razzy Hammadi, 33 ans, qui se dit «fier» de ses «origines» (père algérien et mère tunisienne) et de son «parcours». La diversité, représentée à un niveau inédit dans le gouvernement, a franchi pour la première fois les portes de l'Assemblée nationale avec une poignée de candidats socialistes d'origine africaine, maghrébine ou asiatique. Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) regrette le faible nombre de députés élus issus de la diversité. L'association relève que sur les dix députés issus de la diversité, seuls huit siégeront réellement : George Pau-Langevin et Kader Arif resteront au gouvernement. «C'est évidemment un progrès. Dans la précédente Assemblée, George Pau-Langevin était la seule députée issue de la diversité dans l'Hexagone : « On ne pouvait que progresser !», ironise le CRAN. Cinq nouveaux députés de métropole sont originaires du Maghreb (Kader Arif, Malek Boutih, Kheira Bouziane, Chaynesse Khirouni et Razzy Hammadi), une du Tchad (Seybah Dagoma), un autre d'Iran (Pouria Amirshahi) et un du Brésil (Eduardo Rihan Cypel). Chaynesse Khirouni, qui l'a emporté dimanche face à Laurent Hénart (PR), député sortant de la première circonscription de Meurthe-et-Moselle, est issue du milieu associatif et s'est présentée pour la première fois aux élections législatives. Fille d'un soudeur algérien de la région de Annaba arrivé en France à l'âge de 20 ans, elle a été élevée avec ses six frères et sœurs à Woippy (Moselle). Agée de 43 ans, elle est enseignante à l'université de Lorraine en Master microfinance. Kheira Bouziane, élue dans la troisième circonscription de Côte-d'Or, est née Oran. Cette professeur d'économie de 58 ans est élue depuis 1995 à Quetigny, commune limitrophe de Dijon, où elle est actuellement en charge de la solidarité et de la famille en tant qu'adjointe au maire. «Pour faire changer la représentation politique, les règles usuelles politiques ne suffisent pas dans un pays où la pente naturelle, c'est le conservatisme, avec des candidats hommes blancs, âgés de plus de 50 ans, cumulards», analyse l'heureux député de Grigny, Malek Boutih. «Une brèche été créée, on ne pourra pas revenir en arrière», se réjouit le successeur de Julien Dray. Dans les circonscriptions des Français de l'étranger, Pouria Amirshahi est élu dans la 9e (Afrique de l'Ouest, Maghreb). Né le 27 mars 1972 en Iran, émigré en France en 1976 avec sa famille fuyant le régime du shah (sa mère est une opposante de gauche), il commence à militer en 1986, alors qu'il est lycéen à Paris, lors du mouvement de protestation contre le projet de loi Devaquet, sous le gouvernement Chirac de cohabitation. Le CRAN relève qu'il n'y a aucun député de droite issu de la diversité. Il donne un «peut mieux faire» pour la classe politique française. Il «appelle le gouvernement Ayrault à mettre en chantier une loi sur la représentation de la diversité en politique, comme Lionel Jospin avait fait une loi sur la parité en politique».