Une première en France, la diversité fait son entrée au palais Bourbon. Pas moins de huit députés socialistes peuvent se prévaloir du label de la France plurielle, sans compter les ministres de la diversité, tous également élus. L'hémicycle français va enfin commencer à refléter un peu la France d'aujourd'hui. Il en a fallu du temps ! Trente ans après la “Marche des Beurs", enfin des Maghrébins et des noirs à l'Assemblée nationale. Que ce soit Razzy Hammadi dans le 93, Seybah Dagoma à Paris, Malek Boutih dans l'Essonne, Kader Arif, ministre des Anciens Combattants ou encore Kheira Bouziane. Une réussite pour la diversité ethnique ? C'est peu dire car on reste loin des 10% de l'Assemblée et des mesures dites de discrimination positive que le Parti socialiste promettait en matière de diversité sociale. Un observateur de l'immigration a commenté : paysans, monde rural, personnes ayant un handicap sont les plus désavantagés. Ce n'est pas encore l'image de la France telle qu'elle est, dans sa riche diversité. Reste que pour ce cru législatif 2012, même la droite avait placé des candidats issus de la diversité. Ce fut au compte-gouttes mais c'est à souligner. Parmi eux Salima Saa à l'UMP ou Rama Yade au Parti radical, devancée dans sa circonscription par la socialiste Seybah Dagoma, adjoint au maire de Paris, Bertrand Delanoë. Leur présence à l'Assemblée, symbolique, ne suffira pas à donner confiance aux électeurs de l'immigration. Après son élection, le nouveau président français François Hollande a assuré la continuité de ce qu'a entamé Nicolas Sarkozy en 2007 en matière de nomination, autour de lui et dans le gouvernement, de personnalités dont la famille ou elles-mêmes est issue de l'immigration maghrébine ou subsaharienne. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault comporte sept ministres issus des minorités. Trois personnalités issues des DOM-TOM : Victorin Lurel (ex-député et président du Conseil régional de Guadeloupe), ministre de l'Outre-mer ; Christiane Taubira (ex-députée de Guyane, égérie de la lutte contre le racisme), garde des Sceaux, et George Pau-Langevin (ex-députée de Paris mais native de Pointe-à-Pitre), ministre déléguée à la Réussite éducative. Deux ministres sont issus de l'immigration : Kader Arif (eurodéputé, né en Algérie), ministre délégué des Anciens combattants, et Najat Vallaud-Belkacem (ex-conseillère municipale à Lyon et porte-parole du candidat Hollande, née au Maroc), ministre du Droit des femmes et également porte-parole du gouvernement ; Fleur Pellerin (née en Corée du Sud, adoptée à l'âge de six mois par une famille française), ministre déléguée chargée des PME, de l'Innovation et de l'économie numérique, et Yamina Benguigui (née Yamina Zora Belaïdi), réalisatrice et femme politique franco-algérienne, ministre déléguée aux Français de l'étranger et à la Francophonie, auprès de Laurent Fabius ministre des AE. Les enfants de l'immigration espèrent que la cuvée Hollande ne subira pas le sort de l'ouverture à la Sarkozy. Celui-ci avait inauguré son quinquennat avec des têtes d'affiche de l'immigration : Rachida Dati (franco-algéro-marocaine), Rama Yade (franco-sénégalaise) et Fadela Amara (franco-algérienne), pour les répudier, sans ménagement, lorsqu'il a commencé à siphonner les idées racistes, xénophobes et islamophobes lepénistes. D. B