Le département d'Etat américain a rendu public, hier, son rapport annuel sur le trafic d'êtres humains. L'Algérie est citée parmi les pays «les moins bien notés» avec la République démocratique du Congo, la Libye, la Corée du Nord, l'Arabie Saoudite et la Syrie. Le département d'Hillary Clinton estime que «l'Algérie est un pays de transit et, dans une moindre mesure, une destination et même parfois pays d'origine pour des femmes et certains hommes qui sont soumis au travail forcé ou au trafic sexuel». Le rapport 2012 du département d'Etat souligne que le plus souvent, «les émigrants d'Afrique subsaharienne entrent en Algérie de façon volontaire mais illégalement, souvent avec l'aide de passeurs, et ce, dans le but de se rendre en Europe». Ceci et de préciser : «Certaines femmes africaines sont forcées à se prostituer.» Ledit rapport cite des «villages africains» autour de la ville de Tamanrasset où ces femmes sont forcées à la prostitution et des hommes, pour la plupart originaires du Mali, sont obligés de travailler chez des personnes qui leur confisquent leurs documents d'identification. Et de noter que certaines femmes algériennes sont aussi forcées à la prostitution. Le rapport relève un «laxisme» dans la poursuite des trafiquants et parlent même de l'existence de «liens étroits entre les patrons de villages africains et certains policiers qui renvoient les femmes arrêtées pour prostitution et les victimes de la traite à leurs ‘détenteurs'». Le rapport américain précise que l'Algérie est devenue une destination à la fois pour l'émigration et le trafic avec le resserrement des contrôles aux portes de l'Europe. «Le coût du voyage d'un migrant subsaharien vers l'Algérie a augmenté en raison d'une plus grande répression contre l'immigration clandestine. Les Maliens continuent de fuir l'insécurité au Mali», note le même rapport. Le département d'Hillary Clinton estime que «le gouvernement algérien n'agit pas en conformité avec les normes minimales d'élimination de la traite des personnes et ne fait pas d'effort pour l'être». Le département d'Etat indique que le gouvernement algérien tente des poursuites en vertu de la loi de 2009 contre la traite tout en continuant à confondre traite des êtres humains et contrebande. «Il a échoué à identifier les victimes de la traite et a continué à manquer de mesures adéquates pour les protéger», indique le rapport, tout en notant que des efforts ont été engagés pour sensibiliser le public sur la traite des personnes et l'exploitation en milieu de travail. Le département d'Etat recommande à l'Algérie de renforcer la lutte contre ce trafic en encourageant l'application de la loi par les autorités judiciaires, qui sont appelées à mener des enquêtes sur les infractions potentielles. L'Algérie est aussi appelée à œuvrer à identifier les victimes de la traite parmi les migrants illégaux et veiller à leur offrir l'assistance nécessaire telle que le logement, l'aide médicale, psychologique et juridique. Tout en qualifiant les efforts du gouvernement algérien dans la lutte contre la traite de «minimes», le rapport relève aussi qu'il n'a fait «aucun progrès notable dans la protection des victimes au cours de la dernière année».